Élie Tenenbaum : “Vladimir Poutine n’a jamais choisi l’option de l’escalade vis-à-vis des Occidentaux”
Alors que la livraison de chars à l’Ukraine soulève un vaste débat sur l’implication militaire des Européens et des Américains, Élie Tenenbaum nous donne son éclairage sur les risques d’escalade.
Pourquoi la livraison de chars par les pays occidentaux revêt-elle une telle importance ?
Élie Tenenbaum : Nous sommes en train de basculer, pour l’Ukraine, d’une guerre défensive à une guerre offensive. Au printemps, les Ukrainiens espèrent reconquérir l’essentiel des territoires perdus. D’où l’importance de disposer de l’arme blindée-cavalerie et notamment de chars d’assaut. D’un point de vue stratégique, Carl von Clausewitz l’expliquait déjà très bien : il y a une supériorité naturelle de la défensive sur l’offensive. C’est un peu la première loi de Newton de la guerre : il y a une inertie naturelle qui fait que l’attaque demande plus d’énergie que la défense. Pour avancer sur un champ de bataille fortement défendu et hautement létal, on a donc besoin d’armes à la fois plus mobiles et mieux protégées.
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Peut-on imaginer que les chars livrés parles Occidentaux servent à percer le front et à reprendre les territoires de l’est de l’Ukraine mais aussi la Crimée ? Ce qui nous entraînerait plus loin que prévu dans notre soutien…
C’est la question des limites que les Occidentaux peuvent fixer à la reconquête ukrainienne. Quoi qu’en disent certains, cette limite est assez évidente : c’est le territoire russe tel que reconnu par la communauté internationale et donc en dehors des quatre territoires annexés au mépris du droit international par la Russie – Donetsk, Louhansk, les oblasts de Zaporijia et de Kherson. La question de la Crimée est plus délicate : officiellement, son annexion n’est pas reconnue par la communauté internationale, mais officieusement, il y a plus de débats sur l’opportunité pour les Occidentaux de soutenir la reconquête de ce territoire par les Ukrainiens. Sur le plan militaire, on n’en est pas là.
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