29
oct
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marc-Antoine EYL-MAZZEGA, Carole MATHIEU, cités par Adrien Pécout dans Le Monde

Energie : nouveau choc, vieilles dépendances

La crise actuelle, marquée notamment par la flambée des prix du gaz ou de l’électricité, met en lumière la vulnérabilité de nos économies. A l’heure de la transition énergétique, le manque d’investissements dans les renouvelables fragilise encore plus l’équilibre entre l’offre et la demande.

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Depuis l’été, c’est profusion de statistiques, diagnostics, pronostics. Qu’il s’agisse du gaz, de l’électricité, des carburants, les prix de l’énergie remontent encore davantage que la crise du Covid-19 ne les avait fait dégringoler à travers le monde, un an auparavant. Les tarifs repartent en forte hausse, les inquiétudes avec : l’hiver et ses besoins en chauffage ne sont pas encore arrivés que déjà une partie de la population – notamment en Europe – doit se préparer à endurer un « choc énergétique » d’un type nouveau, avertit en « une », cet automne, l’hebdomadaire britannique The Economist.

Qui dit « choc » et « énergies » suggère forcément les années 1970. Celles des premiers chocs pétroliers. « La comparaison me semble un peu trop rapide », tempère pourtant Jean-Eudes Moncomble, secrétaire général du comité français d’une large association, le Conseil mondial de l’énergie. « Le contexte et la dynamique des prix diffèrent », appuie Guy Maisonnier, ingénieur économiste à l’IFP Energies nouvelles (ex-Institut français du pétrole).

Octobre 1973, en pleine guerre du Kippour : la hausse brutale et encore plus rapide des prix frappe alors en particulier le pétrole. L’embargo des pays producteurs, réunis dans l’OPEP, vise les Etats-Unis, où s’amorçait, par ailleurs, un déclin local de la production. En l’espace de quelques semaines, les tarifs passent la surmultipliée (fois quatre), pour carburer à un niveau inédit.

Des questions communes

Octobre 2021 : ici, la flambée a d’abord embrasé le marché du gaz (+ 479 % en un an sur le cours européen de référence) puis ceux de l’électricité (+ 344 % en un an, pour le cours français du jour au lendemain), sous l’effet de la reprise de l’activité économique post-Covid – et donc de la demande mondiale. Autant la hausse actuelle du gaz a pris des proportions inégalées (début octobre, le mégawattheure franchissait le cap des 100 euros), autant le prix du pétrole, certes multiplié par quatre en un an et demi (autour de 83 dollars, soit 71 euros pour le baril de Brent, fin octobre), a déjà connu des niveaux supérieurs par le passé. En particulier durant l’été 2008 (au-delà des 140 dollars), lorsque, là encore, l’état des stocks américains paraissait fragile.

Si différents soient-ils dans leur déclenchement, les deux chocs soulèvent des questions communes.

« Ce qui est vraiment frappant aujourd’hui et ce qui peut nourrir le parallèle entre les deux périodes, c’est la prise de conscience soudaine de la dépendance énergétique et de la vulnérabilité aux importations, au pétrole dans les années 1970, et surtout au gaz aujourd’hui », souligne Carole Mathieu, responsable des politiques européennes au centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales (IFRI).

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« Il faut le regarder en face : nous nous retrouvons dans cette situation parce que nous n’avons pas assez investi et pas assez accéléré dans les énergies renouvelables », considère Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales. « Tout cela soulève des questions sur la sécurité d’approvisionnement et l’efficacité de la stratégie de décarbonation. »

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