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Hécatombe et manque d’armes sur le front : les Ukrainiens s’inquiètent

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cité par Emmanuel Grynszpan dans

  Le Monde
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Les rangs de l’armée ukrainienne sont décimés par la puissance de feu très supérieure des forces armées russes.

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Les autorités ukrainiennes admettent un grave déficit de munitions et de canons, alors que le rythme de conquête russe s’accélère dans le Donbass. Moscou a affirmé dimanche avoir « détruit un grand entrepôt » d’armes fournies par les Occidentaux près de Tchortkiv, dans l’ouest de l’Ukraine, faisant 22 blessés. Les combats s’intensifient dans l’Est. « La situation à Sievierodonetsk est extrêmement difficile », a reconnu le gouverneur ukrainien de la région de Louhansk, Serguiï Gaïdaï. Sur le plan militaire, la Russie « utilise l’artillerie à grande échelle et, malheureusement, a un avantage de 10 contre un », a estimé le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valeri Zaloujny.

Après avoir placé le sceau du secret sur les pertes ukrainiennes pour préserver son opinion publique, le chef d’Etat ukrainien a dévoilé le 1er juin un bilan de 10 000 morts depuis le début de l’invasion russe le 24 février. Et surtout, il a admis que la guerre emporte quotidiennement 60 à 100 soldats ukrainiens et en blesse 500 autres. Le 9 juin, le conseiller du chef du cabinet du président Mykhaïlo Podoliak enfonçait le clou, évoquant un rythme de pertes deux fois plus lourd, soit une fourchette entre 100 à 200 militaires tués par jour.

Ces aveux officiels sur le caractère critique de la situation s’accompagnent de demandes pressantes pour une accélération de l’aide militaire occidentale. Selon M. Podoliak, l’hécatombe s’explique par « l’asymétrie entre les capacités militaires ukrainiennes et russes ». [...]

« A bout de souffle »

L’arsenal que la Russie a déployé sur le territoire ukrainien compte actuellement 1110 tanks, 2 800 véhicules blindés de transport de troupes et de combat d’infanterie, 1130 systèmes d'artillerie de calibre supérieur à 100 mm et plus et 78 lanceurs de missiles balistiques, détaillait vendredi le chef adjoint du renseignement ukrainien Vadim Skibitsky à la chaîne russophone Currenttime.tv. Dans les airs, ce sont 400 avions et 360 hélicoptères de combat, selon la même source. Pour M. Skibitsky, « l’aide internationale ne suffit toujours pas pour ralentir le rythme offensif des forces russes ». Dans la guerre d’attrition menée actuellement, les stocks et la capacité de production prennent un caractère crucial et pourraient déterminer l’issue du conflit. C’est pourquoi les autorités ukrainiennes admettent que les prochaines semaines seront difficiles. « L’Ukraine met en avant ses besoins pour accélérer l’aide extérieure. La Russie joue sur le même tableau, soutient que les réserves ukrainiennes se vident, pour convaincre que la fin de la guerre est pour bientôt », souligne Pierre Grasser, spécialiste de la défense russe et chercheur associé au laboratoire Sirice. Russie et Ukraine « sont de fait à bout de souffle », selon le chercheur, qui pointe un déficit de munitions côté ukrainien. [...]

Astuces tactiques

Au rythme actuel de l’artillerie ukrainienne, « les stocks européens en munitions ex-soviétiques permettraient de tenir trois mois de plus. Cela impliquerait aussi que l’ensemble de ces pays acceptent de se séparer de tous leurs stocks, ce qui n’est pas acquis », poursuit le chercheur français. Reste pour Kiev l’option d’occidentaliser l’arsenal ukrainien. Les stocks en munitions sont un peu mieux pourvus : l’Ukraine peut notamment compter sur les 144 000 obus promis par Washington en avril.

  • « Sans être définitif car nous n’avons que des bribes d’information, il semble que les Ukrainiens soient aujourd’hui dans une phase de transition où ils abandonnent progressivement leurs armes soviétiques, notamment l’artillerie, au profit d’armes occidentales plus évoluées et efficaces », explique Jean-Christophe Noël, chercheur associé au Centre des études de sécurité de l’IFRI. Pour cet expert, « ces armes arrivent à un rythme insuffisant par rapport aux besoins suscités par la violente offensive russe actuelle ».

L’armée ukrainienne tente de remédier à ses carences par des astuces tactiques. En contraignant par exemple son adversaire à combattre là où il est d’évidence le moins efficace : en milieu urbain.

  • « Outre leur désir de céder le moins de terrain possible, c’est peut-être aussi pour cela que les Ukrainiens tiennent Sievierodonetsk : en s’appuyant sur le pouvoir égalisateur du combat en ville », avance comme hypothèse M. Noël.

Les forces ukrainiennes évitent logiquement de faire face en rase campagne à un ennemi disposant d’une puissance de feu très supérieure.

  • « Les Ukrainiens créent un point de fixation pour gagner du temps, en attendant que le rapport de force ne soit plus équilibré », conclut le chercheur. 

 

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Jean-Christophe NOËL

Jean-Christophe NOËL

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Chercheur associé, Centre des études de sécurité de l'Ifri