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Immigration : les «pushback» en Méditerranée dans le viseur des ONG

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cité par Margot Davier dans

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Dans un rapport publié ce mercredi, Amnesty International, dénonce cette politique de renvois brutale, en vigueur en Grèce. Une pratique qui se fait dans le mépris du droit européen et dans l’indifférence presque générale des chefs d’Etats de l’UE.

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Après l’ONG Border Violence Monitoring Network, qui dénonçait les pushback à la frontière grecque, c’est au tour d’Amnesty International de faire état de violences similaires. L’organisation publie un rapport ce mercredi, revenant sur un an de politiques brutales et contraires au droit européen et international. Les pushback, ou renvois illégaux de migrants, orchestrés à la frontière grecque du fleuve Evros, bafouent de manière criante les droits des migrants et des réfugiés. Surtout, lorsqu’ils sont accompagnés d’actes et de traitements inhumains et apparentés à de la torture.

Le rapport documente 21 incidents survenus entre juin et décembre 2020. «Ces recherches prouvent que la Grèce continue d’utiliser ces tactiques brutales de manière routinière, comme une méthode bien établie de contrôle des frontières terrestres et maritimes.» Selon les auteurs du rapport, il ne s’agit pas d’actes isolés ou exceptionnels, mais bien d’une gestion globale et multilatérale. «Les refoulements […] révèlent qu’avant d’être expulsés sommairement de Grèce par le fleuve Evros les personnes étaient souvent la cible d’opérations complexes et coordonnées à travers le pays.»

«Crainte des Européens»

De nombreux témoignages montrent donc un processus systémique de renvois dans un pays tiers comme la Turquie, ou dans le pays d’origine du migrant, l’exposant aux dangers qu’il fuyait. Certaines personnes interrogées évoquent également des centres de détention officiels et non officiels, des arrestations temporaires…

Lorsque les pushback impliquent plusieurs personnes, il s’agit d’une expulsion collective, interdite par l’Union européenne et le droit international.

  • «C’est un enjeu politique, voire géopolitique, autour de la frontière d’Evros et de la Turquie, qui témoigne de la crainte des Européens pour les enjeux migratoires, observe Matthieu Tardis, chercheur au centre migrations et citoyennetés de l’Institut français des relations internationales (Ifri). On n’arrive toujours pas à se mettre d’accord sur la manière de les accueillir.»

Ces allégations d’Amnesty International ne sont pas nouvelles. Déjà en avril 2020, de nombreuses organisations montraient comment la Turquie et la Grèce empêchaient les migrants de pénétrer en Europe. En février de cette année, lONG Lesbos Legal Center accusait l’agence européenne Frontex de mener des pushback contre les migrants. Ces techniques extrêmement brutales sont ainsi dénoncées depuis plusieurs années, augmentant un peu plus à chaque fois le niveau d’horreur.

«Ce qui se passe en Grèce n’est que le reflet d’une politique raciste européenne», pourfend Lola Goldman, coordinatrice de la plateforme d’appels à destination des migrants qui se font justement repousser, Alarm Phone. L’ONG tente d’exercer une pression sur les gardes-côtes. Sans que les chefs d’Etats européens ne s’émeuvent particulièrement, «hormis la Commissaire européenne aux affaires européennes, Ylva Johansson, qui a une voix dissidente», précise Matthieu Tardis.

Quelle implication de Frontex ?

A cet égard, le rapport d’Amnesty mentionne aussi le rôle trouble de Frontex.

  • «La position de cette agence européenne, qui dispose de plus en plus de compétences et de missions, est assez nouvelle. Si Frontex commet des infractions aux droits humains, et notamment des pushback, qui est responsable ? Les Etats membres, les responsables européens ?» s’interroge Matthieu Tardis.
  • Et la complaisance de l’Europe pour les politiques grecques est par ailleurs largement remise en cause par Amnesty International, quand les opérations de retour sont menées par «des personnes semblant appartenir aux forces de l’ordre, avec la participation fréquente d’individus vêtus de vêtements civils ou banalisés».

 

Lire l'article sur le site de Libération

 

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Matthieu TARDIS

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Ancien responsable du Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri