15
déc
2022
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Prudentes émancipations en Asie centrale

Si aucun des pays d’Asie centrale ne l’a officiellement condamnée, l’agression russe contre l’Ukraine fait grincer des dents dans la région. Jusqu’alors garant de la sécurité, Moscou voit son monopole contesté par d’autres, comme les États-Unis, qui reviennent après leur débâcle afghane.

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La guerre contre l’Ukraine lancée par le président russe, M. Vladimir Poutine, embarrasse les républiques d’Asie centrale. Indépendants depuis 1991, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan entretiennent des liens étroits avec Moscou, mais ont également noué de bonnes relations avec l’Ukraine (anciennement soviétique, elle aussi). Dans l’arène des Nations unies, lors des votes des résolutions condamnant l’agression russe et l’annexion de territoires ukrainiens par Moscou, ces pays ont donc, tous, affiché une prudente posture de neutralité : leurs représentants se sont abstenus ou n’ont pas participé au vote (dans le cas du Turkménistan).

Derrière cette unité de façade, leurs perceptions sont en réalité plus nuancées. Les directions politiques du Turkménistan et du Tadjikistan, de peur de s’aliéner la Russie, garante de leur sécurité face à leur voisin afghan, se sont gardées de tout commentaire. Le Kirghizstan a fait montre d’un positionnement plus erratique : après avoir semblé légitimer l’invasion russe, présentée par le président Sadyr Japarov comme « une mesure nécessaire pour la défense de la population [du Donbass], en grande partie composée de citoyens russes », le pays a fini par reconnaître à l’Ukraine le droit, en tant qu’État souverain, de mener la politique étrangère de son choix. Bichkek lui a même envoyé de l’aide humanitaire, à l’instar des deux républiques centre-asiatiques qui se sont le plus ouvertement prononcées en faveur de Kiev : l’Ouzbékistan et surtout le Kazakhstan, peuplé par une importante minorité russe sur sa partie septentrionale, que certains hommes politiques à Moscou apparentent à un « cadeau territorial ». Astana a en effet rappelé son attachement « aux principes d’intégrité territoriale, de souveraineté et de coexistence pacifique », dans la foulée de l’organisation des référendums conduisant à l’annexion des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Zaporijia et Kherson par la Russie. Astana et Tachkent s’inscrivent dans la stricte (...)

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Mots-clés
guerre en Ukraine Asie Centrale Russie