Référendum en Turquie : le coup d'Etat permanent ?
Quels sont les enjeux du vote du 16 avril en Turquie, alors que le pays connaît un spectaculaire recul des libertés publiques depuis la tentative de coup d'Etat de juillet dernier ?
Les derniers bureaux de vote viennent tout juste de fermer leurs portes en Turquie et les premières estimations donnent le Oui vainqueur à la question de savoir s’il faut renforcer les pouvoirs du président de la République. Premier pas vers une meilleure stabilité politique avancent les partisans du Oui… dernier stade de la dérive autoritaire de Recep Tayyip Erdogan s’inquiètent les partisans du Non.
Le coup d’état raté du 15 juillet dernier a pesé évidemment de tout son poids sur ce scrutin. Il en est d’abord à l’origine : il faudrait un pouvoir fort pour assurer la stabilité d’un pays ébranlé par ceux que le pouvoir actuel rassemble indistinctement sous le nom de terroristes. Les terroristes c’est aussi bien Daesh que les indépendantistes Kurdes, les membres de la confrérie Gülen que, par extension, tout type d’opposant à la ligne officielle. Ces derniers mois, politiques, intellectuels, artistes ou encore journalistes critiques vis à vis du pouvoir ont été arrêtés par centaines en vertu de l’état d’urgence.
La Turquie s’est révélée profondément divisée entre les partisans d’un régime parlementaire, laïc et ceux d’un régime présidentiel qu’Erdogan qualifie « d’authentique et national » pour une « Turquie Grande et Forte » mais aussi entre les partisans de l’ouverture et ceux du nationalisme, entre pro et anti européens, entre élites des rives du Bosphore et peuple d’Anatolie…
Alors comment regarder cette réforme qui fait passer le pays d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, qui concentre le pouvoir exécutif et un large pouvoir de nomination des juges et des fonctionnaires dans les mains du chef de l’Etat mais rend en contrepartie le président davantage responsable devant le parlement qui aura le pouvoir de le destituer.
Turquie : le coup d'Etat permanent ?
Intervenants
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Dorothée Schmid : Politiste, directrice de recherche à l’Institut français des relations internationales - Ifri, responsable du programme Turquie contemporaine et Moyen-Orient de l'Ifri
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Muratcan Sabuncu : Militant pour les droits de l'homme en Turquie, fondateur de l'association des droits de l'homme de la SorbonneÉcouter sur France Culture
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