21
fév
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Nele Katharina WISSMANN, citée par Prune Antoine dans Médiapart

La Saxe, laboratoire de la scène radicale allemande

Le parti La TroisièmeVoie est solidement implanté dans ce Land d’ex-RDA (ex-République démocratique allemande), où la nébuleuse néonazie se déploie à grande vitesse en brouillant désormais les frontières entre populisme, extrémisme et terrorisme d’extrême droite.

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Berlin (Allemagne).– On peut pardonner bien des choses à l’Allemagne : la discipline, le terme méprisant de Rabbenmutter (mère-corbeau), les Böller (pétards) la nuit du nouvel an. Mais la négligence dans le combat contre la violence d’extrême droite ? Un pays qui, entraîné par l’idéologie nationale-socialiste, a incendié la moitié de la planète et exterminé six millions de juifs se devrait de veiller au moins à une chose : que la pensée raciste ne puisse plus jamais prospérer sur son sol. Et qu’elle n’y fasse plus aucune victime.

Doit-on alors être choqué par une mention « réservé aux Allemands » placardée sur la voie publique dans une ville allemande en 2020 ? Le nouveau mouvement politique La TroisièmeVoie est-il spécialement doué pour slalomer entre les subtilités juridiques d’une législation qui semble placer la liberté d’expression au-dessus de la xénophobie galopante ?
 
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À quel moment la haine se transforme-t-elle en sang versé ? Quand bascule-t-on de la conviction à l’action ? Du militantisme au terrorisme ? Chercheuse associée au Comité d’études des relations franco-allemandes de l’Institut français des relations internationales, Nele Wissmann est l’autrice d’un rapport, publié en 2019, intitulé « Terrorisme d’extrême droite, une menace sous-estimée ».

En 2019, l’Office fédéral de protection de la Constitution a classé 32 080 personnes comme appartenant à la mouvance d’extrême droite (24 100 en 2018), dont 13 000 (12 700 en 2018) considérées comme potentiellement violentes. Des chiffres qui sont en augmentation constante depuis les années 2000.

  • « Si le phénomène néonazi n’est pas nouveau en Allemagne, il a profondément changé depuis les années 1990. Un réseau complexe et volatil a émergé, brouillant les frontières entre le populisme de droite, l’extrémisme de droite et le terrorisme de droite », explique Wissmann.
  • « Outre-Rhin, l’extrême droite s’est à la fois radicalisée et embourgeoisée. On assiste à l’émergence de groupuscules susceptibles de basculer dans la violence et la clandestinité, et de partis populistes comme l’AfD, qui s’affichent modérés ou conservateurs et fédèrent de plus en plus de partisans. »

Trop longtemps, selon la chercheuse, les services de renseignement allemands se sont « concentrés sur le terrorisme d’extrême gauche, puis le djihadisme, négligeant la radicalisation d’extrême droite ». Les statistiques sur la violence d’extrême droite n’ont commencé à être comptabilisées qu’à partir de 2001. La violence d’extrême droite aurait coûté la vie à près d’une centaine de personnes depuis 1990.

Pour Wissmann, « les actes terroristes commis par l’extrême droite accompagnent les changements d’époque. À chaque fois que l’identité du pays est remise en question : au lendemain de la réunification, avec les attaques contre des foyers de demandeurs d’asile à Rostock en 1992, et depuis le débat sur les réfugiés en 2015. Le terrorisme va de pair avec les périodes de forte insécurité sociale. Le passage à l’acte est vu comme le dernier moyen pour protéger la société allemande ou ses valeurs ». 

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Lire la note de Nele Wissmann, « Le Terrorisme d’extrême droite en Allemagne. Une menace sous-estimée ? », Notes du Cerfa, n°151, IFRI, décembre 2019.

 

** Prune Antoine est journaliste indépendante, basée à Berlin. Cet article fait parti du making-of de son reportage en dix épisodes sur le parti néonazi allemand La Troisième Voie, intitulé « Allemagne : sur la piste brune de la troisième voie (3/10) ».

 

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