04
fév
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Claude MEYER, cité par RCF

"Siniser" le christianisme : quelle est cette stratégie du pouvoir chinois pour contrôler la religion ?

Les nombreuses mesures imposées aux athlètes et aux journalistes lors des Jeux olympiques de Pékin font écho à la volonté du pouvoir chinois de garder le contrôle sur la société civile, et sur les religions notamment. Entre "répression" et "sinisation", le spécialiste de l'Asie Claude Meyer observe "un durcissement considérable" à leur endroit. 

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Les religions en Chine : le nombre de protestants a explosé
On compte aujourd’hui en Chine 250 millions de bouddhistes, 70 millions de protestants et 12 millions de catholiques. Les religions se sont fortement développées et diversifiées en Chine depuis les années 80. Si elles furent un temps jugées utiles pour favoriser l’harmonie sociale et prendre en charge les plus défavorisés, elles font aujourd’hui l’objet d’un traitement musclé. En particulier les protestants, dont le nombre a explosé, mais aussi les catholiques.

 

Xi Jinping, une main de fer sur la société chinoise
Religions, mais aussi médias, universités, ONG, société civile… Depuis 2012, le contrôle de la société chinoise s’est accru. Pour Claude Meyer, cela correspond à l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping.

"On pensait qu’il serait libéral" : il fait montre au contraire "d’une reprise en main musclée de tous les secteurs de la société chinoise", observe Claude Meyer, auteur du livre "Le renouveau éclatant du spirituel en Chine - Renaissance des religions, répression du Parti" (éd. Bayard, 2021).

 

À l’égard des religions, "un durcissement considérable" depuis 2012
Si les religions ne sont "qu’un cas particulier" de cette reprise en main, Claude Meyer parle toutefois d’un "durcissement considérable de la politique à l’égard de la religion". Pour le parti au pouvoir, elles représentent "une menace sur sa propre idéologie " et une menace "pour la stabilité du pouvoir".

Le christianisme étant une religion soumise à des influences extérieures à la Chine, la stratégie du pouvoir est double. Elle cherche d’une part "la répression" et œuvre d’autre part à la "sinisation". "Quand on parle de sinisation, là, prévient Claude Meyer, ce n’est pas du tout l’inculturation dont rêvait Matteo Ricci, qui implique un aller-retour et un échange entre les deux cultures."

Il s’agit plutôt de "soumettre ces religions perçues comme étrangères au contrôle absolu du parti" et "à l’idéologie officielle". 

Remplacer la foi en Jésus-Christ par la foi dans le parti : est-ce là l’objectif de la Chine ? Un projet de nouvelle traduction annotée de la Bible est à l’étude. Son but : la rendre authentiquement chinoise et conforme aux idéaux du régime...

Mots-clés
Parti communiste chinois religions Chine