Dans une dizaine de jours, au soir des élections fédérales, Angela Merkel tirera sa révérence après 16 ans de pouvoir. Dans les faits, elle restera aux affaires jusqu’à la formation d’une nouvelle coalition. Sa récente tournée d’adieux, dans les grandes capitales internationales, a rappelé l’étendue de son aura. Désignée « femme la plus puissante du monde » à quatorze reprises, son bilan n’en est pas moins contrasté. L’éclairage de Paul Maurice, politologue spécialiste de l’Allemagne et chercheur à l’IFRI (Institut français des relations internationales, Paris).
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- Je dirais qu’elle n’a pas eu de partenaire avec qui proposer une vision forte de l’UE. Comme cela fut le cas, par exemple, avec Kohl et Mitterrand, qui ont pu proposer le Traité de Maastricht et l’Union monétaire.
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« Je pense qu’elle laissera une trace dans l’histoire » Paul Maurice
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Une méthode unique en son genre
La façon de gouverner de Merkel est souvent citée en exemple. Mais un reproche revient : « Elle a su gérer convenablement les crises, mais elle ne les a pas anticipées », décrypte Paul Maurice, spécialiste de l’Allemagne. De par sa formation, elle a une approche scientifique des problèmes. Hyper prudente, elle a toujours tenu compte de son opinion publique, mais elle a su prendre parfois beaucoup de risques. Insensible à la provocation, elle a aussi joué le rôle de passerelle au-dessus des tensions internationales, ménageant notamment la Russie de Poutine vis-à-vis des Occidentaux.
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« Elle a vécu en Allemagne de l’Est, où de graves atteintes à l’environnement ont été perpétrées de par le passé, rappelle le politologue Paul Maurice. Mais elle reste pragmatique. De plus, les décisions de principe concernant le nucléaire avaient été prises à l’époque du gouvernement Schröder qui gouvernait alors avec les écologistes ».
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Merkel a procédé à des réformes plutôt de gauche
Il n’empêche, ce geste historique semble avoir favorisé l’essor du parti d’extrême droite AfD. Oui, mais attention au poids du contexte, avertit Paul Maurice : « La politique migratoire de Merkel n’est pas la seule cause de la poussée de l’AfD. D’autres raisons, dont le sentiment d’abandon dont souffre l’est du pays, l’expliquent aussi. L’histoire retiendra néanmoins que c’est sous Merkel qu’un parti d’extrême droite est entré au Parlement fédéral, avec tous les symboles qui s’y rattachent ».
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