Friedrich Merz chancelier : le possible retour en grâce du nucléaire allemand, une bonne nouvelle pour la France ?
Alors que le conservateur Friedrich Merz devrait prendre ses fonctions de chancelier rapidement, il vient de nommer les membres de son gouvernement et notamment sa ministre de l’Économie et de l’Énergie, Katherina Reiche. Choisir une ancienne députée CDU et surtout directrice de l’une des filiales d’un géant de l’énergie allemand pour ce poste stratégique est-il une bonne nouvelle pour la France ?

L’Allemagne serait-elle sur le point de tourner le dos à l’EnergieWende, cette politique de transition écologique qu’elle voulait révolutionnaire et qui l’a poussé à fermer toutes ses centrales nucléaires pour produire son électricité autrement ? À en croire l’avis de l’Académie des Sciences du 8 avril 2025 pour qui la première puissance industrielle d’Europe a émis, en 2024, près de seize fois plus de dioxyde de carbone par kilowattheure d’électricité produit que la France, la question peut raisonnablement se poser. D’autant plus que le système électrique allemand est basé à 55 % sur les productions éolienne, solaire, hydraulique et biogaz mais aussi à 23 % sur les centrales à charbon et lignite.
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« Son profil correspond à la volonté de Merz de faire du ministère de l’Économie, un ministère de l'Énergie et non plus du Climat comme c'était le cas avant. Dans un contexte plus global, il y a une tendance à faire passer la question de la compétitivité de la croissance avant celle de la transformation énergétique et de la crise climatique », détaille Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes de l'IFRI.

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
Il faut dire que le conflit en Ukraine a cruellement mis en lumière la dépendance de l’Allemagne aux approvisionnements russes. Début 2022, Berlin iportait de Moscou plus de la moitié de son gaz naturel et près d’un tiers de son pétrole.
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Plus récemment, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, c’est une dépendance au gaz naturel liquéfié américain que l’Allemagne s’est découverte. Consciente que cette fuite en avant ne saurait durer mais aussi qu’avec plus de 600 milliards d’euros d’investissements dans le développement des énergies renouvelables intermittentes, il est trop tard pour abandonner l’EnergieWende, l’Allemagne a-t-elle d’autres choix que d’envisager de travailler en complémentarité avec le nucléaire et donc sur ses interconnexions avec la France ?
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Pour le spécialiste des relations franco-allemandes Paul Maurice, il y a donc « une opportunité sur le fond comme sur la forme avec, d’un côté, un président de la République qui n’est encore là que pour deux ans et qui veut faire aboutir son projet de 2017 et de l'autre côté, un chancelier allemand qui veut laisser sa trace. En tant qu’héritier d’Helmut Kohl, il voudrait être un grand Européen et donc un grand franco-allemand. »

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
Et peut-être cette complémentarité est-elle même déjà enclenchée : en mars 2024, le ministère allemand de la Recherche a annoncé un nouveau programme de financement sur la fusion nucléaire dans le but de construire son premier réacteur d’ici 2040.
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