Pourquoi la nouvelle lune de miel franco-allemande peut durer
Emmanuel Macron et Friedrich affichent une proximité aux antipodes de la froideur qui imprégnait la relation franco-allemande sous Olaf Scholz. Au-delà des ressemblances et des convergences de vue entre les deux hommes, les situations respectives de la France et de l'Allemagne laissent espérer un partenariat plus équilibré de durable que par le passé.

Les couples franco-allemands commencent mal en général : ce fut le cas pour Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, mais aussi pour Gerhard Schröder et Jacques Chirac. Puis les circonstances – guerre en Géorgie et crise financière dans un cas, guerre en Irak dans l’autre –, ainsi que la densité des relations tissées entre les deux pays, les rapprochent. Mais pas de fausse pudeur entre Emmanuel Macron et Friedrich Merz. À Paris comme à Berlin, les débuts semblent tout feu tout flamme, marqués par les circonstances exceptionnelles du retrait des États-Unis de la sécurité européenne et de la guerre commerciale.
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Deux ans pour avancer « en Européens »
Sauf accident de parcours, Friedrich Merz est au pouvoir pour quatre ans. Mais Emmanuel Macron, lui, n’a plus que deux ans devant lui pour tenter de relancer ce couple si stratégique. Et la perspective d’une alternance d’extrême droite en 2027 inquiète l’Allemagne. Voilà pourquoi Merz déclarait dans son discours du 23 janvier : « Je suis fermement décidé à utiliser les deux dernières années du mandat du président Macron pour concrétiser avec lui la vision d’une Europe souveraine. »
Pour autant, de son côté, le futur chancelier est loin d'avoir les pleins pouvoirs. Ses faiblesses sont celles liées à un gouvernement de coalition. Sa popularité a déjà beaucoup baissé depuis son élection, notamment car il a dû faire des compromis pour bâtir sa coalition.
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« Il n’est pas aussi fort qu’il en a l’air, son crédit politique est assez entamé, il a fait 28 % des voix ; alors que, lorsque Angela Merkel avait obtenu 33 %, on avait parlé de défaite », analyse Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
Une situation économique moins déséquilibrée
Le nouveau couple franco-allemand part sur des bases bien différentes de celui formé par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. « Il n’y a plus d’énormes différences de compétitivité entre les deux pays », estime Joseph de Weck, expert associé à l’Institut Montaigne.
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« Face à sa remise en cause, le modèle économique allemand est aujourd’hui plus faible que le français, car il n’a pas encore essayé de se réinventer. Alors que la France a fait ce travail après avoir détruit son industrie », commente Paul Maurice. La France a notamment orienté les fonds du plan France 2030 vers des marchés clefs sélectionnés pour leur potentiel. Depuis 2019, la France a aussi baissé de 10 points son taux moyen effectif de taxation des entreprises, en le rendant inférieur à celui de l’Allemagne, et le coût horaire du travail est désormais sensiblement le même pour les deux pays.
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