Haute intensité : quels défis pour les armées françaises ?
La nouvelle Loi de programmation militaire 2024-2030 engage résolument les armées françaises dans la voie de la haute intensité. Ce terme continue cependant d’être sujet à débat et source de confusion au sein de la communauté de défense.
Une définition stricte de la notion est donc nécessaire afin de mieux en comprendre la portée et les implications pour la France. Sur le plan militaire, la haute intensité renvoie d’abord à un type d’engagement déployant un haut niveau d’énergie cinétique dans un espace et une durée limités. À ce facteur énergétique, s’ajoutent le niveau de sophistication technologique des équipements (intensité en capital) et la létalité qui résulte de ces deux éléments. Émerge ainsi une notion de haute intensité capacitaire qui s’articule autour du triptyque énergie-technologie-létalité.
Cette intensité capacitaire doit être distinguée de l’intensité politique, ou virulence d’un conflit armé, laquelle dépend avant tout des intérêts en jeu. Lorsque ceux-ci sont très élevés pour un belligérant, le conflit prend pour ce dernier les aspects d’une guerre majeure, mettant en jeu sa survie. À l’inverse, la mise en jeu d’intérêts réels mais non existentiels se traduit par des formes de guerre limitée. Si l’histoire militaire offre des exemples de conflits où haute intensité politique et militaire se combinent, elle montre aussi des cas de guerres limitées à haute intensité capacitaire. C’est cette configuration qui paraît la plus pertinente pour la France où la dissuasion nucléaire prémunit en principe de toute menace contre les intérêts vitaux de la nation.
Il existe donc une large gamme de scénarios situés en deçà des intérêts vitaux mais au-delà de l’horizon capacitaire et opérationnel des trois dernières décennies, marquées avant tout par la gestion de crise et dans la perspective desquelles s’est construit le format des armées françaises. Solidarité stratégique dans le cadre de l’alliance atlantique ou d’accords de défense, confrontation avec une puissance grande ou moyenne sur des espaces périphériques, affrontement avec un « proxy », acteur tiers soutenu par un État-puissance ou encore confrontation dans des espaces communs isolés (haute mer, espace exo atmosphérique, cyber, fonds marins, etc.) sont autant d’hypothèses à prendre en compte qui relèveraient de la haute intensité capacitaire.
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