Armes à sous-munitions et mines antipersonnel. La maîtrise des armements face aux menaces existentielles

Face à la menace d’une agression russe à l’Est de l’Europe, la Finlande, les pays baltes et la Pologne tournent le dos à des décennies d’interdiction des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions, marquant le retour d’armes longtemps proscrites au nom de la sécurité de leurs frontières.

- Après le retrait de la Lituanie de la Convention d’interdiction des armes à sous-munitions, la Finlande, les trois pays baltes et la Pologne ont annoncé se retirer de la Convention d’interdiction des mines antipersonnel afin de mieux protéger leurs frontières d’une future potentielle agression russe.
- Ces armes ont été proscrites par la majorité des États européens au début du XXIe siècle. Leur retour est le symptôme d’une dégradation du contexte stratégique et de la crédibilité des garanties de sécurité atlantiques.
- Pour les États du flanc Est, armes à sous-munitions et mines antipersonnel présentent un intérêt opérationnel certain pour faire face à un adversaire numériquement très supérieur.
- Sans recourir à ces armes, la France et les alliés de l’OTAN doivent eux aussi
interroger la remontée en puissance de leur propre puissance de feu, considérablement amoindrie par trois décennies de dividendes de la paix et de priorité donnée à la guerre contre le terrorisme.
Le 6 mars 2025, la Lituanie officialisait son retrait de la convention d’Oslo, adoptée par une centaine d’États en 2008. Cette convention cherche à interdire l’emploi, le développement et le commerce des armes à sous-munitions (cluster ammunitions) en raison des ravages que celles-ci ont occasionné à travers le monde depuis leur première utilisation au cours de la Seconde Guerre mondiale. Dix jours plus tard, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne annonçaient conjointement leur intention de se retirer de la convention d’Ottawa, autre texte de maîtrise des armements signée en 1997 afin d’interdire l’emploi, le développement et le commerce de mines antipersonnel, un texte que la Finlande (non-signataire de la convention d’Oslo) a aussi annoncé vouloir quitter le 1er avril 2025.
L’affaiblissement de ces deux textes importants du Droit international humanitaire (DIH) et de la maîtrise des armements a provoqué une vive réaction en Europe, diverses organisations humanitaires critiquant la décision des pays du flanc Est, parlant de « mépris flagrant pour la souffrance humaine » tandis que des chercheurs mettaient sur le même plan la Russie et les pays cherchant à s’en défendre. De telles accusations ne sont pas nouvelles – Amnesty International avait ainsi reproché à l’Ukraine de se battre au sein des villes que la Russie envahissait – mais elles soulignent une rupture entre les réalités du contexte stratégique actuel et la volonté d’encadrement juridique du droit international. Ce décalage est d’autant plus important que les traités en question datent d’une époque révolue où la donne stratégique était bien différente et la menace d’une invasion russe était perçue comme inexistante.
Plutôt qu’une critique de principe, il est d’abord nécessaire de comprendre le choix des alliés concernés dans sa dimension stratégique et opérationnelle, et d’en anticiper les conséquences pour le dispositif militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en Europe.
Contenu disponible en :
Thématiques et régions
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Armes à sous-munitions et mines antipersonnel. La maîtrise des armements face aux menaces existentielles
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analyses2001-2025 : guerre globale contre le djihadisme
Malgré des moyens considérables dédiés à la guerre globale contre le terrorisme, la menace djihadiste n’a pas disparu.
L’Iran face à ses limites : 10 points sur les causes structurelles d’une cassure tactique
Proxies régionaux. Soutien de Moscou. Latence nucléaire. Dissuasion balistique. L’équilibre sur lequel Téhéran avait bâti sa doctrine a chancelé — avec une rapidité impressionnante. Une semaine après l’annonce d’un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, il est possible de dresser un bilan détaillé des raisons structurelles qui ont permis à Tel Aviv de déjouer les plans de la République islamique et de dégager des perspectives.
Repenser la fonction « Protection – Résilience ». Un nécessaire changement de paradigme face à un environnement qui se durcit
La France comme les autres pays européens est confrontée de manière directe, tout particulièrement depuis le début de la guerre en Ukraine, à une stratégie hybride de déstabilisation mise en œuvre par la Russie. Cette stratégie se matérialise dans l’ensemble des champs et des milieux possibles d’affrontement et a pour objectif, outre de saper le soutien occidental à l’Ukraine, d’affaiblir les pays européens avec lesquels la Russie se perçoit dans une confrontation systémique de long terme.
Réformer les commandements de l’OTAN. Entre européanisation, émergence de nouveaux leaders et rôle des États-Unis
Au moment où le Sommet de l'OTAN se tient à La Haye du 24 juin au 25 juin 2025, la réélection de Donald Trump à la présidence américaine interroge profondément la nature du lien transatlantique. Si les garanties de sécurité de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), article 5 et dissuasion nucléaire notamment, ne sont pour l’instant pas officiellement remises en cause ou amoindries, des projets de la nouvelle administration portent sur le désengagement de fonctions au sein de l’Alliance, en particulier le poste de SACEUR (Supreme Allied Commander Europe).