Théories et pratiques des relations internationales depuis la fin de la guerre froide
L’effondrement de l’Union soviétique a considérablement modifié les pratiques des relations internationales et a suscité des débats théoriques qui se poursuivent encore. L’école réaliste, dominante pendant la guerre froide, a été remise en cause par les tenants du transnationalisme. Chaque courant de pensée permet, à sa manière, d’éclairer le monde dans lequel nous vivons, et les théories doivent être perçues davantage comme des outils interprétatifs que comme des dogmes infaillibles.
Les relations internationales ont subi d’importantes transformations depuis la fin de la guerre froide, d’autant que l’effondrement de l’empire soviétique a eu lieu dans le cadre de la mondialisation. La destruction du rideau de fer, l’élargissement de l’Union européenne (UE), la montée en force de nouveaux pôles de puissance économique et politique en Asie, au premier rang desquels la Chine et l’Inde, l’expansion très rapide des marchés de biens et de services – stimulée tant par l’aboutissement des négociations du cycle d’Uruguay que par les innovations techniques dans les secteurs des communications et de l’information –, la mainmise croissante des milieux d’affaires sur l’économie mondiale, les perturbations politico-stratégiques consécutives au 11 septembre 2001 sont des aspects de ces changements. Les États sont aujourd’hui imbriqués dans des réseaux d’interdépendance étroits et les individus, aussi bien que les mouvements sociaux, interagissent au niveau planétaire grâce à ces évolutions structurelles et politiques.
Quelle signification faut-il donner à ces changements ? S’agit-il d’une mutation dans l’essence même des relations internationales ? Quelles sont les incidences politiques et normatives des nouveaux flux transnationaux, des régimes de coopération, des organisations intergouvernementales, des entreprises transnationales ? Ces questions ont engendré une vaste littérature allant d’essais superficiels et anecdotiques à des travaux visant des efforts de théorisation rigoureux. Il n’existe toutefois guère d’accord, parmi les chercheurs engagés dans l’étude des relations internationales, sur les causes et les conséquences de ces évolutions, sur leurs implications théoriques et pratiques. Certains auteurs sont enclins à minimiser les changements structurels en cours, en recherchant sur la longue durée les racines historiques des évolutions actuelles du système capitaliste, d’autres à les désigner comme la manifestation d’une rupture importante, voire même radicale, avec le passé.
Dans un monde marqué par l’emprise grandissante des réalités transnationales sur le devenir des sociétés – influence qui est de nature économique, sociale, politique et institutionnelle –, on doit reconnaître que la distinction entre la sphère étatique et celle des relations internationales est toujours moins tranchée. […]
PLAN DE L’ARTICLE
- Les débats sur la mondialisation
- Les enjeux normatifs
- Les défaillances des institutions internationales
Pierre de Senarclens, professeur en relations internationales à l’Université de Lausanne, ancien directeur de la Division des droits de l’homme et de la paix à l’UNESCO (1980-1983), est aujourd’hui vice-président du Conseil de la Croix-Rouge suisse. Son dernier ouvrage publié, avec Y. Ariffin, est : La Politique internationale. Théories et enjeux contemporains (Paris, Armand Colin, 2006).
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Lors de la crise financière de 2007-2008, leur intervention a été déterminante dans le sauvetage du système financier, avec l'injection de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le capital des institutions financières. Depuis, ils n'ont cessé de gagner en crédibilité, en sophistication et en technicité. Ainsi sont-ils à la pointe en matière d'investissement dans l'Intelligence artificielle (IA) et la transition énergétique. De nouvelles orientations dans leurs stratégies d'investissement peuvent avoir des répercussions majeures sur l'écosystème financier mondial.
Aujourd'hui, les fonds souverains du Golfe sont devenus de véritables titans de la finance. Leur influence grandissante reflète un poids financier colossal et une montée en puissance aussi fulgurante que structurée. Voici dix ans, ils contrôlaient collectivement environ 2 000 milliards de dollars d'actifs sous gestion (assets under management, AUM). En 2025, ce montant a plus que doublé pour atteindre plus de 5 350 milliards de dollars, soit près de 40 % des AUM des fonds souverains dans le monde, estimés à 13 000 milliards de dollars. Le golfe Arabo-Persique est ainsi devenu le centre de gravité mondial des fonds souverains.
François-Aïssa Touazi est senior managing director chez Ardian, leader européen du capital-investissement, en charge des relations investisseurs et des affaires publiques. Il est aussi vice-président des conseils France-pays du Golfe au Medef International et préside la task force sur les fonds souverains.
Article publié dans Politique étrangère, vol. 90, n° 4, 2025.
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