Quand la technologie façonne le monde...
Les nouvelles technologies – en particulier dans le cyberespace – ont un fort impact sur les relations internationales et la conflictualité. Les acteurs malveillants – que ce soit des États ou des acteurs non étatiques – développent des opérations d’influence sophistiquées. Ils tendent à coordonner de plus en plus finement leurs actions physiques et cyber. Les stratégies de sécurité des États occidentaux doivent évoluer en conséquence et cesser de fonctionner en silo.
Les technologies cyber sont de plus en plus sophistiquées mais demeurent accessibles à un grand nombre d’acteurs. Leur développement redéfinit certaines catégories traditionnelles des relations internationales, et introduit de nouvelles sources de conflits potentiels entre États. Ces derniers ne peuvent plus se permettre de dissocier les environnements physiques et numériques. Les implications de la cybernétique ayant introduit de nouvelles menaces, une approche sécuritaire plus globale est devenue nécessaire. La technologie a, notamment, élargi les paramètres de la guerre classique, permettant aux individus d’influer et d’agir sur la stabilité des États et du système dans son ensemble.
Les opérations d’influence, à l’instar de la désinformation, offrent le meilleur angle de vue pour étudier l’incidence de la technologie sur la géopolitique. Amplifiées par la puissance de la cybernétique, elles ont des effets inédits sur les relations internationales. Ceux-ci se révèlent bien plus difficiles à contrer que les formes classiques de cyberguerre. C’est la psyché même des citoyens qui est visée, d’où des défis sans précédent pour les gouvernements des nations prises pour cible.
La cyber-conflictualité a rebattu les cartes de la sécurité et des conflits internationaux. Les cyberattaques sont peu onéreuses et difficiles à attribuer, ce qui a d’abord pour effet d’enhardir les acteurs étatiques et non étatiques. La guerre cinétique classique repose sur des armes et des cibles classiques, d’abord constituées des moyens militaires de l’adversaire (d’où les destructions d’infrastructures, les occupations de territoires, etc.). Le cyber a redéfini les notions de contrôle d’un espace et même de victoire.
L’arsenal des cyberattaques comprend, entre autres, des tactiques comme le piratage, l’emploi de logiciels malveillants (malwares) et les attaques par déni de service (DoS). Il permet de pénétrer, endommager et perturber des ordinateurs et des réseaux. L’omniprésence des technologies de communication modernes – téléphones mobiles, réseaux sociaux, applications de messagerie, objets connectés… – crée de nouvelles vulnérabilités. Ces technologies constituent une ligne d’accès directe entre acteurs malveillants et individus, qui peut être utilisée par des gouvernements adverses ou des groupes non étatiques à des fins de déstabilisation. […]
PLAN DE L’ARTICLE
- Repenser la sécurité à l’ère de l’autonomisation des individus
- La conflictualité à l’âge de la post-vérité
- Étude de cas : le conflit en Ukraine
Jared Cohen est président de Jigsaw, incubateur créé par Google dans le but de développer des technologies permettant d’« améliorer la sécurité des personnes dans le monde entier ». Il est chercheur associé au Council on Foreign Relations et a travaillé au Policy Planning Staff du Département d’État. Il est l’auteur de Accidental Presidents, New York, Simon & Schuster, 2019.
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Les fonds souverains du Golfe, acteurs majeurs de la finance mondiale
La mission principale d'un fonds souverain est de constituer une épargne nationale à long terme destinée aux générations futures, en diversifiant ses investissements sur les plans sectoriel et géographique. Dans cette logique, les pays du Golfe ont alimenté pendant de nombreuses années leurs fonds souverains grâce aux gigantesques rentes pétrolières, notamment lorsque les cours du brut étaient au plus haut, atteignant un record historique de 143 dollars le baril en 2008.
Lors de la crise financière de 2007-2008, leur intervention a été déterminante dans le sauvetage du système financier, avec l'injection de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le capital des institutions financières. Depuis, ils n'ont cessé de gagner en crédibilité, en sophistication et en technicité. Ainsi sont-ils à la pointe en matière d'investissement dans l'Intelligence artificielle (IA) et la transition énergétique. De nouvelles orientations dans leurs stratégies d'investissement peuvent avoir des répercussions majeures sur l'écosystème financier mondial.
Aujourd'hui, les fonds souverains du Golfe sont devenus de véritables titans de la finance. Leur influence grandissante reflète un poids financier colossal et une montée en puissance aussi fulgurante que structurée. Voici dix ans, ils contrôlaient collectivement environ 2 000 milliards de dollars d'actifs sous gestion (assets under management, AUM). En 2025, ce montant a plus que doublé pour atteindre plus de 5 350 milliards de dollars, soit près de 40 % des AUM des fonds souverains dans le monde, estimés à 13 000 milliards de dollars. Le golfe Arabo-Persique est ainsi devenu le centre de gravité mondial des fonds souverains.
François-Aïssa Touazi est senior managing director chez Ardian, leader européen du capital-investissement, en charge des relations investisseurs et des affaires publiques. Il est aussi vice-président des conseils France-pays du Golfe au Medef International et préside la task force sur les fonds souverains.
Article publié dans Politique étrangère, vol. 90, n° 4, 2025.
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