Ukraine : 1004 jours de guerre et 20 ans d’émancipation
Le 21 novembre, l'Ukraine a célébré la Journée de la dignité et de la liberté commémorant deux des plus grandes manifestations de son histoire moderne : la révolution orange en 2004 et l'Euromaïdan en 2013. Alors que le pays est en guerre depuis plus de 1000 jours, que reste-t-il de ces idéaux ?
Avec
- Élie Tenenbaum, Directeur du Centre des Études de Sécurité de l'Ifri
- Marie Mendras, Politologue, chercheur au CNRS et au CERI
- Alexandra Goujon, Maîtresse de conférences à l’Université de Bourgogne, enseignante à Sciences Po Paris et spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie
- Constantin Sigov, Directeur du Centre Européen à l'université de Kiev et Directeur des éditions « L'esprit et la lettre »
- Adrien Nonjon, Chercheur à l’INALCO, spécialiste de l’histoire politique et culturelle de l’Ukraine et de l’espace post-soviétique
À chaque étape de cette guerre interminable qui, depuis 1004 jours, épuise l’Ukraine, fatigue ses alliés et inquiète nos opinions publiques, on cherche les mots pour caractériser et figer si possible les paliers de l’escalade. Depuis les attaques russes massives du week-end dernier, le rythme s’est accéléré : feu vert de Washington et de Londres autorisant Kiev à utiliser des missiles de longue portée et des mines antipersonnels, premiers tirs sur le territoire russe, riposte du Kremlin qui publie une version extensive de sa doctrine nucléaire et avant-hier lance sur Dnipro un missile hypersonique sans son ogive nucléaire, qualifié à la télévision de "missile invincible", par Vladimir Poutine, comme pour rassurer sa propre population. Où en est-on ce matin ? Jusqu’où le Kremlin peut-il agiter la menace ultime sans ébrécher la dissuasion qui lie entre elles les puissances concernées ?
L'Ukraine face à la communauté internationale
Donald Trump promet de mettre fin à la guerre en 24 heures. Joe Biden est-il en train de lui préparer le terrain en continuant à renforcer militairement l’Ukraine ou lui complique-t-il la tâche ? Les commentateurs entament déjà le procès d’une administration américaine dont le soutien à Kiev aurait été trop timoré, trop lent, oubliant un peu vite les hésitations et les divisions des Européens à chaque étape de cet éprouvant processus. Un processus qui pour les Ukrainiens comme pour Vladimir Poutine a commencé il y a 20 ans tout juste, en novembre 2004, quand la Révolution orange révélait les aspirations démocratiques d’une population qui se tournait vers l’ouest, vers l’Europe et non plus vers l’Empire. Dix ans plus tard, en 2014, avec l’annexion de la Crimée et l’occupation du Donbass, elle subissait déjà les premiers assauts sanglants du Kremlin.
Aujourd’hui, l’Ukraine est exsangue, mais la Russie ne parvient pas à la vaincre. C’est déjà un constat saisissant tant il mesure le courage de sa population et l’incapacité de Vladimir Poutine à comprendre la vigueur du sentiment national qui la soude. Où en est la société ukrainienne aujourd’hui, comment la guerre agit-elle sur cette maturation démocratique de 20 ans, et quel pourrait être à ses yeux le prix de la paix ?
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