20
fév
2020
Espace Média L'Ifri dans les médias
Nele Katharina WISSMANN, citée par Johanna Luyssen dans Libération

Allemagne : deux tueries, le parquet antiterroriste privilégie la piste xénophobe

Une attaque a fait au moins neuf morts mercredi soir à Hanau, à 20 kilomètres de Francfort. Le corps d'un suspect, ainsi qu'une lettre de revendication xénophobe et une vidéo, ont été retrouvés. Le parquet général fédéral, compétent en matière de terrorisme, a été saisi de l'affaire.

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Une double fusillade a fait au moins neuf morts mercredi soir à Hanau, une ville d’environ 100 000 habitants située à 20 kilomètres à l’est de Francfort (Hesse).

Les faits se sont déroulés vers 22 heures dans deux quartiers distincts de la ville, Heumarkt, et sur la place Kurt-Schumacher dans le quartier de Kesselstadt. La première fusillade a eu lieu dans un bar à chicha appelé le Midnight, puis dans un autre appelé l’Arena Bar & Café. Selon le Bild, le tireur aurait sonné à la porte du deuxième bar et tiré sur des personnes présentes dans la zone fumeur, tuant cinq personnes dont une femme.

Un homme suspecté d’être l’auteur de la tuerie a été retrouvé mort quelques heures plus tard, au côté d’un autre corps non identifié, mais dont la presse allemande affirme qu'il s'agit de la mère du suspect. Ce dernier, selon la police locale, « a été trouvé sans vie à son domicile à Hanau. Les forces d’intervention spéciale de la police y ont de plus découvert un autre corps. L’enquête se poursuit. Actuellement, il n’y a pas d’indication selon laquelle il y aurait d’autres auteurs ». Selon la presse allemande, des munitions et un holster ont été trouvés à bord de la voiture utilisée, et le suspect possède un permis de chasse. Il serait allemand.

Les motifs de cette fusillade n’étaient pas encore connus ce jeudi matin. Mais la presse allemande, citant des sources policières, indique qu’une lettre de revendication et une vidéo ont été retrouvées. Selon le Süddeutsche Zeitung, ainsi que les chaînes de télévision MDR et WR, le procureur général fédéral, compétent en matière de terrorisme, a été saisi parce que la lettre de revendication en question contient des propos xénophobes. Selon le Bild, ce sont 24 pages d'éructations racistes, qui en appellent notamment à détruire les étrangers qui n'auraient pas pu être expulsés.  

La crainte d’un terrorisme d’extrême droite

« Nos pensées sont ce matin avec ceux de Hanau, où un horrible crime a été commis, a réagi le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, ce jeudi matin sur Twitter. Notre profonde compassion va aux familles endeuillées, et nous souhaitons le rétablissement prompt des blessés. » « Disons les choses comme elles sont : terreur à Hanau. Plusieurs personnes sont assassinées en raison de leur appartenance supposée à un groupe. Je suis choqué. Mes pensées vont aux victimes et à leurs familles », a tweeté le député SPD de Halle d’origine sénégalaise Karamba Diaby, récemment menacé de mort. Sa permanence a été récemment criblée d’impacts de balles.

« Nos avertissements ont été ignorés. La terreur a frappé. Il est maintenant temps de se serrer les coudes. Contre la haine et contre la violence, d’où qu’elle vienne. Pendant trop longtemps, les politiciens ont sous-estimé le problème de la violence de droite. Le temps des mots est terminé. Nous demandons aux politiques d’appeler les autorités à agir. Nous appelons tous les acteurs de la société à donner l’exemple. Un signe de solidarité avec les victimes du terrorisme d'extrême droite », a déclaré jeudi matin le porte-parole de la KRM (Conseil de coordination des musulmans d'Allemagne), Zekeriya Altuğ.

Si l’Allemagne a été la cible ces dernières années de plusieurs attaques jihadistes, dont celle du marché de Noël, à Berlin, en décembre 2016, le terrorisme d’extrême droite inquiète particulièrement les autorités allemandes depuis quelques mois, notamment depuis le meurtre de Walter Lübcke, le 2 juin. L’attentat contre cet élu chrétien-démocrate (CDU), exécuté d’une balle à bout portant alors qu’il se tenait sur la terrasse de son domicile a eu lieu à Cassel, dans le même Land de Hesse que Hanau. Le principal suspect dans cette affaire, Stephan E., est un nazi. L’élu CDU, qui soutenait la politique d’ouverture des frontières aux réfugiés de la chancelière, Angela Merkel, était menacé de mort après avoir dit lors d’une réunion publique que Cassel devait accueillir des réfugiés et que « ceux qui ne partagent pas ces valeurs peuvent quitter le pays à tout moment s’ils ne sont pas d’accord ».

« Menace majeure pour l’Etat de droit »

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Lire la note de Nele K. Wissmann « Le terrorisme d’extrême droite en Allemagne. Une menace sous-estimée ? » (pdf).

 

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