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«Le contrat social est rompu entre le régime et la société»

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cité par Andrés Allemand Smaller pour

  La Tribune de Genève
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Après un week-end inédit de manifestations, les autorités chinoises déploient leurs forces pour endiguer la vague de colère, qui dépasse la question des confinements.

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Fragilité sanitaire

«Inédite au plan national, cette contestation est symptomatique des tensions accumulées depuis trois ans. Le Covid-19 a été le révélateur d’un basculement», estime Marc Julienne, responsable des acactivités Chine à l’Institut français des relations internationales. «Depuis 2020, la Chine se posait en modèle de gestion sanitaire, portant même secours aux pays pauvres. Mais aujourd’hui, en voyant la foule des supporters à la Coupe du monde de football, la population découvre soudain que le reste de la planète s’en sort bien mieux.»

«Cette contestation est symptomatique des tensions accumulées depuis trois ans. Le Covid-19 a été le révélateur d’un basculement.», Marc Julienne

«De même, si la Chine a été le premier pays à disposer d’un vaccin, à présent il s’avère trop faible, surtout auprès des retraités. Or, pour des raisons idéologiques, Pékin se refuse à commander à l’étranger des vaccins à ARN messager. Donc si les confinements sont assouplis, les hôpitaux risquent d’être vite débordés de cas.»

«Mais plus fondamentalement, ce qui a été rompu en Chine, c’est le contrat social qui fonctionnait depuis plus de quarante ans», poursuit Marc Julienne.

«Le Parti communiste détient certes le monopole du pouvoir, mais la société apolitique peut espérer de son côté la prospérité, la sécurité et des perspectives d’avenir. Ce modèle est en panne. Aujourd’hui, avec 20% de chômage chez les jeunes, les diplômés sont moins optimistes que ne l’étaient leurs parents au même âge.»

Liberté d’opinion

Lors des manifestations du weekend,on a pu observer un glissement, note François Godement: «Au début, en réclamant la liberté, les manifestants se référaient évidemment au déconfinement. Mais ensuite, de plus en plus, il a été question de liberté d’opinion. Pensez par exemple à cette foule brandissant des feuilles blanches! Il n’est plus question uniquement de
Covid, mais d’une aspiration plus générale à pouvoir exprimer son désaccord. Dans ce sens, la contestation contre le confinement est l’occasion de donner voix à d’autres causes, d’autres revendications, notamment concernant les conditions de travail.»

Le président Xi Jinping, qui concentre beaucoup plus de pouvoirs que ses prédécesseurs, est-il menacé par cette grogne populaire qui le prend pour cible? «Il sera intéressant de voir si les autorités locales continuent vraiment d’appliquer les directives de Pékin. Après tout, les policiers municipaux eux aussi ont des familles et souffrent pareillement des confinements», rappelle Marc Julienne.

«Cela dit, Xi Jinping est resté en retrait dans la gestion concrète de la pandémie. Il peut facilement faire porter la responsabilité à d’autres responsables chinois, qu’il pourra sacrifier si nécessaire», note François Godement. «Mais on n’en est pas là. Sur les réseaux sociaux, les trolls du pouvoir traitent les manifestants de gosses de riches faisant des caprices et assurent que la plupart des Chinois comprennent la nécessité patriotique des confinements.»

>> Retrouver l'article en intégralité sur le site de La Tribune de Genève.

 

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri