20
déc
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Assaut du Capitole, Washington DC, 6 janvier 2021
Laurence NARDON, invitée de Laetitia Gayet dans "Le 5/7" sur France Inter

Laurence Nardon : "Trump garde l'appui de sa base de manière très forte, presque fanatique"

Laurence Nardon, politologue, responsable programme États-Unis à l’IFRI (Institut français des relations internationales) est l'invitée du 6h20. Elle explique les conclusions de la commission d'enquête parlementaire américaine sur l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

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Un millier de personnes entendues, une montagne de documents analysés, et au final une conclusion : Donald Trump a montré son inaptitude à exercer de nouvelles fonctions politiques, il a prémédité sa déclaration sur un "vol" de l'élection, et n'a rien fait pour ramener la paix pendant l'assaut contre le Capitole.

"Les neuf élus qui ont dirigé ces travaux sont tous arrivés à cette même conclusion", analyse Laurence Nardon. "Donald Trump a refusé l'élection, et il a incité à l'insurrection incroyable du 6 janvier."

"C'est le seul président de la République américaine qui ait refusé cette transition du pouvoir vers son successeur, ce qu'avaient fait tous ses prédécesseurs", explique la politologue.

"Ce vote a une valeur pour l'Histoire, pour la vérité, et pour ce que les Américains pourront se dire à l'avenir en se remémorant les faits liés à ce président complètement hors-normes. Ils vont transmettre leurs conclusions au ministère de la Justice, et c'est ce dernier qui va décider. On ne sait pas ce qu'il fera par rapport à cette recommandation de poursuites pénales contre Trump."

 

"Un moment où Trump commence à s'effacer"

"Le ministre de la Justice, Merrick Garland, est quelqu'un de très raisonnable, pas du tout un politique, c'est vraiment un juriste. Il a nommé il y a quelques semaines un conseiller spécial, Jack Smith, pour l'aider à prendre cette décision", rappelle Laurence Nardon. "La difficulté, c'est que s'il faudrait mettre un procès en route pour que ces faits ne restent pas impunis ou en tout cas inexaminés, il y a aussi l'aspect politique des choses. Or mettre en route un procès contre Trump, ça va remettre une pièce dans la machine médiatique, qui risque de remettre la lumière sur lui au moment où il commence à s'effacer dans les sondages, et à sortir du paysage politique américain."

Mais à l'inverse, que risque Donald Trump en cas de poursuites ?

"Au regard du 14e amendement de la Constitution, qui condamne les appels à l'insurrection, il pourrait être rendu inéligible, et ne plus pouvoir se présenter à quelque office électif que ce soit aux États-Unis."

Or "Trump garde l'appui de sa base de manière très forte, presque fanatique".

"En même temps, avec les élections de mi-mandat il y a deux mois, on commence à voir sa sortie. Depuis 2016, lorsqu'on l'a vu débarquer dans la politique américaine, on s'est sans cesse dit qu'il allait tomber demain. On a toujours attendu ça, et jusqu'à présent ça ne s'était jamais produit. Mais il commence à apparaître comme un loser aux yeux de sa base, ce qui pourrait être la fin pour lui. On commence à voir qu'il n'est pas le génie politique qu'il prétend être."

 

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