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Pourquoi les marines européennes hésitent à traverser le détroit de Taïwan

Interventions médiatiques |

cité par Hugues Maillot dans

  Le Figaro
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DÉCRYPTAGE - Dimanche, Josep Borrell a encouragé les marines de l'UE à «patrouiller» dans le détroit qui sépare Taïwan de la Chine. En Europe, seules la Marine nationale et la Royal Navy s'y aventurent régulièrement.
Contenu intervention médiatique
Du 9 au 10 avril dernier, le passage de la frégate française Prairial dans le détroit de Taïwan, au beau milieu d'exercices d'encerclement menés par la Chine autour de l'île, avait eu une résonance toute particulière. Car il intervenait quelques heures après la visite d'Emmanuel Macron en Chine, qui s'était conclue par des propos polémiques du président français, laissant entendre que la France préférait opter pour la neutralité vis-à-vis de Taïwan.
 
Pourtant, au-delà du contexte, l'événement n'en était pas un : la Marine nationale transite régulièrement par ce corridor maritime, qui sépare Taïwan du continent, tout comme la Royal Navy et l'US Navy. Ce n'est cependant pas le cas des marines asiatiques, comme celles du Japon et de la Corée du Sud, ni du reste des flottes européennes, qui ne s'y aventurent jamais.
 
Dans une tribune publiée dans Le Journal du dimanche, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a donc exhorté l'Europe à être davantage «présente sur ce dossier qui nous concerne sur le plus économique, commercial et technologique». «C'est pourquoi j'appelle les marines européennes à patrouiller dans le détroit de Taïwan pour signifier l'attachement de l'Europe à la liberté de navigation», écrit-il.

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En alimentant l'ambiguïté sur le statut du détroit, la Chine «construit un argumentaire qui pourrait justifier certaines actions futures, analyse Marc Julienne, responsable des activités Chine à l'Ifri. Si un jour elle décide de bloquer le détroit, ce sera fondé sur un narratif cohérent».

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Frilosité et manque de capacités

Plusieurs facteurs expliquent la frilosité des marines européennes à s'engager dans le détroit. La raison la plus évidente réside dans leurs capacités.
 

«Très peu de pays en Europe disposent de navires de haute mer et de projection», capable de naviguer aussi loin de leurs bases, souligne Marc Julienne.

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Pourtant, s'engager dans le détroit de Taïwan  présente plusieurs intérêts pour les marines du monde entier.

Ces rotations permettent «de capter du renseignement, des données sur  l'environnement, de surveiller l'armée chinoise dans le détroit», explique Marc Julienne.

Surtout, c'est une façon pacifique de «défendre le droit maritime», dans une zone où il est contesté. Mais naviguer dans le détroit demeure un exercice d'équilibriste : il faut envoyer des bâtiments pour affirmer la liberté de navigation, sans déployer les plus stratégiques pour que leur présence ne soit pas perçue comme un acte d'agression.

 

>> Retrouvez l'article intégral sur le site du journal Le Figaro

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri