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Au Mozambique, le mégaprojet gazier dans l’inconnu après les attaques djihadistes

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interviewé par Nabil Wakim et Jean-Philippe Rémy pour

  Le Monde
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Amorcée en 2010, la ruée vers le gaz mozambicain a subi un coup d’arrêt après les offensives des Chabab à Palma, aux portes du futur site de Total. Les acteurs du gaz attendent un changement radical de la situation sécuritaire, mais l’état de l’armée locale et l’essor du trafic d’héroïne dans la région rendent cette perspective incertaine.

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Ship, port of Beira, Mozambique
Ship, port of Beira, Mozambique
(c) Mark Zannoni/Shutterstock.com
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Ils ont réussi leur coup : remporter une bataille à valeur opérationnelle modeste, mais à grand retentissement symbolique et, à présent, leur guerre continue. Jusqu’où ? Quel est le prochain objectif des Chabab (« les jeunes »), affiliés à l’organisation Etat islamique (EI) et à nouveau insaisissables dans les forêts et les villages désertés du nord du Mozambique ?

Après l’offensive surprise du groupe djihadiste sur la ville de Palma, le 24 mars, à la frontière tanzanienne, et la débandade qui en avait découlé du côté des forces de sécurité, le gouvernement mozambicain avait déclaré, quelques jours plus tard, avoir repris la cité. Mais les Chabab sont parvenus à réinfiltrer Palma début avril et ont tué des habitants revenus sur les lieux. Cela ne s’est su que lorsque les têtes des malheureux ont été retrouvées…

C’est ce genre de signature, la capacité des insurgés à défier les services de sécurité, qui conduit aujourd’hui l’industrie gazière tout entière à douter : et si l’infrastructure en développement dans la péninsule d’Afungi était en danger ? Palma ne se trouve qu’à quelques kilomètres des installations terrestres de ce mégaprojet international. Le groupe français Total, dont la participation se monte à 26,5 % dans l’affaire, est l’opérateur de l’une des trois entités destinées à produire du gaz naturel liquéfié (GNL). Le consortium aurait dû commencer ses activités d’exportation en provenance du site en 2024. Mais, depuis les attaques, tout est à l’arrêt.

[...]

Le retard que va prendre le projet est encore difficile à prévoir. Le calendrier, selon Benjamin Augé, chercheur associé à l’Institut français des recherches internationales, « glissera fortement, car tous les sous-traitants du groupe français sont non seulement partis de la zone de construction d’Afungi, mais certains autres stationnés à Pemba, à plusieurs centaines de kilomètres au sud, ont également été sommés d’en partir début avril. Il est cependant difficile d’envisager un départ pur et simple de la major au vu des réserves en jeu : les plus importantes du continent après celles du Nigeria. Le gel des travaux peut aller de quelques mois à plus d’un an, mais la décision dépendra de la réponse mozambicaine en matière de sécurité. » 

[...]

En dépit des difficultés sécuritaires, ce projet a été développé dans un contexte de forte demande en GNL. « La quasi-totalité des Etats asiatiques sont en décit énergétique, rappelle M. Augé. Ceux qui en ont les moyens signent des contrats de gaz à long terme, an de s’assurer d’un approvisionnement stable et garanti pendant les deux prochaines décennies. Le Mozambique présente plusieurs avantages pour eux. Il est idéalement situé géographiquement, sur l’océan Indien, et il a, de plus, accueilli à bras ouverts des sociétés indiennes (privées et publiques), japonaise (privée), chinoise (publique) et thaïlandaise (publique) sur les blocs. Depuis une décennie, toutes ces firmes financent l’exploration et, désormais, le développement. Il est logique que certaines achètent le gaz qui sera produit dans le futur. Les autres acheteurs se trouvent très largement en Asie, zone où la croissance de consommation du GNL est la plus forte au monde, avec des pays qui abandonnent graduellement d’autres types d’énergie, comme avec le nucléaire au Japon, après Fukushima. Si des sociétés occidentales ont acheté du gaz du projet de Total, cela ne veut pas dire qu’elles le vendront forcément en Occident, elles pourront aussi le placer en Asie. »
 

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Benjamin AUGÉ

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