30
sep
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Tatiana KASTOUEVA-JEAN, invitiée d'Axel de Tarlé sur C dans l'air

Poutine : l'annexion... "pour toujours" ?

C’est désormais officiel. Le président russe Vladimir Poutine a proclamé l’annexion des quatre régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Zaporijia et Kherson contrôlées, en partie ou en totalité, par l’armée russe. Le Kremlin organisait cet après-midi une cérémonie pour célébrer l’événement. Vladimir Poutine a tenu un discours offensif. S’il a affirmé que son pays "n’aspire pas" à restaurer l’URSS, l’autocrate a indiqué que les habitants des régions ukrainiennes annexées seront des "citoyens pour toujours". Il a également appelé l'Ukraine à "cesser immédiatement les hostilités". Des festivités pour célébrer l'annexion doivent se dérouler cet après-midi sur la très symbolique place Rouge, qui jouxte le Kremlin.
 

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L'annexion de ces régions et les référendums sensés la légitimer sont dénoncés comme étant des "simulacres" par Kiev et ses alliés occidentaux. Dans le même temps, les forces ukrainiennes ne cessent de gagner du terrain et seraient sur le point d’encercler la ville stratégique de Lyman, au nord-est du pays. Depuis l'annonce de la mobilisation partielle par Vladimir Poutine le 21 septembre dernier, les Russes sont nombreux à vouloir quitter le pays. Des flots immenses de véhicules et de piétons affluent aux frontières. Moscou estime à 261 000 le nombre d’hommes exilés en l'espace d'une semaine. Parmi les destinations privilégiées figurent la Géorgie, l'Arménie, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et la Mongolie. 

Pour ce qui est des entrées dans l'Union européenne de citoyens russes, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex a évoqué le chiffre de 66000 personnes sur les sept derniers jours (du 19 au 25 septembre) dans un rapport publié mardi. Une donnée en hausse de 30 % par rapport à la semaine précédente.
 
Ces Russes qui fuient la mobilisation sont considérés comme des déserteurs par le régime et risquent jusqu’à dix ans de prison.

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"Lorsque Vladimir Poutine insiste sur les territoires désormais russes, il s'adresse d'une part à son public afin de susciter l'euphorie et ainsi légitimer son action. Or, les sondages dernièrement réalisés montrent l'érosion de la popularité de Vladimir Poutine. Aux occidentaux d'autre part, se référant à la sanctuarisation des territoires nouvellement acquis et la défense de ces derniers, avec un parallèle dangereux à l'histoire et le précédent créé par les  États-Unis au travers de l'usage de l'arme atomique", indique Tatiana Kastouéva-Jean. 

"Vladimir Poutine a laissé une bombe et un cadeau à son successeur. Un cadeau car ce dernier pourra toujours annuler la succession et ainsi booster sa popularité. Une bombe, car l'article 67 de la Nouvelle constitution russe interdit les cas d'aliénations du territoire [...].  Il s'agit désormais d'un point de non retour", précise-t-elle. 

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Invités de l'émission: 

Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie / NEI - IFRI - Institut Français des Relations Internationales

- Annie Daubenton, journaliste-essayiste et auteure de "Ukraine, les métamorphoses de l’indépendance"

- Bruno Tertrais, politologue spécialiste de l’analyse géopolitique et stratégique et directeur adjoint de la FRS

- Nicolas Tonev, journaliste spécialiste de la Russie - Europe 1

> Retrouvez l'émission intégrale sur C dans l'air

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guerre en Ukraine Russie Ukraine