Le potentiel énergétique du Brésil : un enjeu de gouvernance

Malgré son formidable potentiel, le secteur énergétique brésilien est confronté à d’énormes défis. Sont notamment abordés dans cette note les raisons du retard dans l'exploitation du pré-sal, le déficit d’investissement dans le secteur du gaz, les limites du développement de l’éthanol, les scandales de corruption autour de Petrobras et les fragilités dans l'organisation du secteur électrique.
Le Brésil a fait en 2006 la plus importante découverte pétrolière de ces vingt dernières années avec le pré-sal, mais les pressions politiques liées au nationalisme des ressources n’ont pas permis au pays d’exploiter au mieux et au plus vite ce fabuleux potentiel, alors que le contexte mondial était, malgré la crise financière, des plus propices. En raison des atermoiements politiques, du nationalisme des hydrocarbures et de la hausse de la consommation domestique des produits pétroliers, le pré-sal, quels que soient ses coûts de production, ne permet toujours pas au Brésil d’atteindre l’autosuffisance pétrolière, alors que cela était le cas - sans le pré-sal - en 2007 et 2008.
La compagnie nationale, Petrobras, est omniprésente dans les secteurs pétrolier et gazier, dans l’amont comme dans l’aval. Elle doit aussi s’impliquer dans l’éthanol, l’électricité et les renouvelables. En retour, Petrobras a subi, jusqu’à une période très récente, la politique gouvernementale en matière de prix des carburants pour répondre aux objectifs gouvernementaux de contrôle de l’inflation. Petrobras a de fait subventionné cette politique au détriment de ses résultats financiers et de ses capacités d’investissement.
Mais Petrobras ne peut pas tout faire. Le développement du secteur gazier brésilien n’est pas au niveau de ses potentialités et Petrobras doit importer de plus en plus de GNL au prix fort. Dans ce panorama en demi-teinte s’agissant des hydrocarbures, l’éthanol aurait pu constituer une variable d’ajustement dans les transports. Mais c’est une solution insuffisante pour régler la dépendance extérieure croissante du Brésil en dérivés pétroliers.
Outre la surcharge d’activité imposée par le pouvoir politique, Petrobras et toutes les compagnies étrangères implantées au Brésil doivent faire face à des exigences de contenu local que le pays ne peut honorer, ni en termes de délais, ni en termes de ressources humaines et de compétitivité, face aux géants asiatiques du secteur, faute de ressources humaines et de moyens financiers suffisants.
Dans ce contexte, le plus important scandale de corruption jamais connu au Brésil et lié à l’affaire « lava jato » a achevé d’assombrir à moyen terme les perspectives de Petrobras. Ce scandale, via toutes ses conséquences, nationales et internationales, ne manquera pas d’aggraver la récession économique attendue au Brésil en 2015, voire au-delà.
Malgré l’importance des investissements consentis ces dernières années, le secteur électrique brésilien est en limite de capacité en période de pointe pour répondre à la forte hausse de la consommation électrique du pays, liée notamment au développement de la classe moyenne inférieure favorisée par la gestion sociale du Parti des Travailleurs. La complexité administrative du système, les disparités de tarifs entre les États de l’Union brésilienne, ainsi que les fluctuations réglementaires n’améliorent pas les perspectives d’investissement dans ce secteur. L’électricité au Brésil reste l’une des plus chères au monde, avec des conséquences sur la compétitivité des industries du pays.
Le potentiel énergétique du Brésil existe bel et bien, seule manque une gestion politique rationnelle. Avec des réformes moins dogmatiques et mieux adaptées aux capacités du pays, ce fort potentiel ne demande qu’à être mis à la disposition des brésiliens à moindre coût. Mais après les années perdues (2006-2012) et avec une perspective de récession significative plus qu’avérée en 2015, sans parler de l’impopularité de l’exécutif en place, les défis politiques et économiques sont toujours aussi nombreux, malgré la fabuleuse découverte du pré-sal en 2006.
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