L’engagement de la Bundeswehr en Afghanistan : quels enseignements pour la politique de défense allemande ?

Depuis leur création et jusqu’au milieu des années 1990, les forces armées de la République fédérale n’avaient que des missions de défense du territoire. À partir de 2001, elles ont pu être déployées sur un théâtre d’opérations très lointain pour servir des objectifs politiques sans lien direct avec la sécurité des frontières allemandes.

Les opérations extérieures armées font désormais partie du quotidien de la Bundeswehr. Parmi les 11 opérations de ce type dans lesquelles les forces armées allemandes sont aujourd’hui engagées, celles conduites en Afghanistan sont à la fois les plus coûteuses (de l’ordre de 9 milliards d’euros) et les plus longues (plus de 13 ans). Cette Note du Cerfa dresse un bilan du premier déploiement terrestre de l’armée allemande à l’extérieur.
Dans un premier temps, elle retrace l’évolution de l’intervention militaire allemande en Afghanistan de l’opération Enduring Freedom jusqu’à sa participation dans la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), qui se caractérise notamment par un accroissement de ses effectifs humains et matériels, mais aussi par sa responsabilité au sein de la coalition internationale. La mission d’Afghanistan a scellé dans les faits la transformation de la Bundeswehr en une armée de forces opérationnelles.
Dans un second temps, cette Note du Cerfa revient sur les résultats de l’engagement allemand en Afghanistan, qui restent contrastés : du point de vue politique, ils sont considérés comme décevants – la situation sécuritaire de l’Afghanistan reste plus qu’instable. Du point de vue militaire, les opérations d’Afghanistan ont montré que la Bundeswehr est en mesure d’assurer une présence efficace sur un théâtre lointain dans un cadre multinational et qu’elle maîtrise un nombre significatif de compétences clés.
Au final, l’expérience du déploiement de la Bundeswehr en Afghanistan aboutit à une conclusion cruciale : si l’Allemagne souhaite mieux intégrer son outil militaire dans sa politique extérieure, elle devra sans doute clarifier sa doctrine et accepter les efforts budgétaires correspondants.
Michel Drain est chercheur associé au Cerfa.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
L’engagement de la Bundeswehr en Afghanistan : quels enseignements pour la politique de défense allemande ?
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesPerspectives françaises et allemandes face aux défis géopolitiques dans le contexte de l’agression russe contre l’Ukraine
Les politiques étrangères, de défense et de sécurité de la France et l’Allemagne évoluent dans un contexte très tendu, marqué par le retour de conflits à haute intensité. Impensable au lendemain de la chute du Mur de Berlin qui symbolise la fin du conflit Est-Ouest, la guerre est aujourd’hui de retour en Europe, alors que les espaces terrestres et maritimes qui entourent le continent européen, de l’Arctique à l’Afrique en passant par le Moyen-Orient, sont devenus des théâtres de rivalité géopolitique, de guerres civiles et de conflits aussi bien hybrides que militaires.
La brigade franco-allemande et la relance de la défense européenne
Une chose est claire depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche : le projet d’unification européenne est menacé dans son existence même. À moins d’élaborer une politique de défense souveraine pour parer à la guerre en Ukraine et à l’affaiblissement des garanties de sécurité américaines, l’Union européenne verra se poursuivre l’érosion de sa dynamique de cohésion interne et de son attractivité externe.
Friedrich Merz et la Zeitenwende 2.0. Une « nouvelle ère » pour les relations transatlantiques ?
Le 23 février 2025, près de 60 millions d’électeurs ont été appelés à élire un nouveau Bundestag. Ces élections donneront également naissance à un nouveau gouvernement dans la première économie d’Europe.
Après les élections : l’Allemagne en quête d’une stabilité ébranlée ?
Avec 82,5 % de participation, l’Allemagne a enregistré un taux de mobilisation inédit depuis 1987, une hausse de 6,1 points par rapport à 2021. Comme en 2021, cette forte participation a profité à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a su mobiliser un grand nombre d’anciens abstentionnistes.