« L’Allemagne continuera à soutenir l’Etat d’Israël, y compris par des livraisons d’armes », a déclaré mercredi 4 juin le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul durant une séance au Bundestag. Ce jeudi, lors d’une conférence de presse avec son homologue israélien Gideon Saar, en visite à Berlin, le chef de la diplomatie allemande ajoutait que la reconnaissance d’un Etat palestinien serait un « mauvais signal ».

L’Allemagne est le principal fournisseur européen d’armes à l’Etat hébreu et le deuxième au monde après les Etats-Unis (30 % à lui seul des importations israéliennes). Depuis le massacre du 7 octobre 2023, perpétré par les combattants du Hamas dans le sud d’Israël, Berlin a fourni l’équivalent en matériel militaire de 485,1 millions d’euros, a indiqué le ministère de l’Economie allemand, notamment des armes à feu, des munitions, des équipements spécialisés pour l'armée et la marine ou encore des véhicules blindés. Un soutien qui avait conduit le Nicaragua à intenter une procédure devant la Cour internationale de Justice contre l'Allemagne, l'accusant de « plausible complicité » dans les crimes commis par l'armée israélienne à Gaza - une requête rejetée le 30 avril par la plus haute juridiction onusienne.

[...]

Selon Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa), la situation humanitaire désastreuse à Gaza a forcé le gouvernement allemand à se positionner :

Mandats d'arrêt de la CPI : qu'est-ce que cela va changer pour Netanyahou ?

« La reconnaissance de l'Etat palestinien pas à l'ordre du jour » Si les Allemands ont durci le ton, l'idée d'une remise en cause des relations entre les deux pays n'est donc pas d'actualité. Selon Paul Maurice, malgré une évolution dans le discours, « la reconnaissance de l'Etat palestinien n'est pas à l'ordre du jour en Allemagne », alors que des partenaires comme la France et le Royaume-Uni disent l'envisager. Le chancelier allemand a également déclaré vouloir « rester le partenaire européen le plus important d'Israël ». Alors que ses voisins européens ont élevé le ton contre l'Etat hébreu, l'Allemagne semble vouloir malgré tout conserver une relation privilégiée avec Tel-Aviv. Berlin fait partie des capitales du Vieux Continent qui se sont opposées fin mai à une demande de révision de l'accord d'association liant l'Union européenne à Israël, réclamée par plusieurs Etats membres. 

[...]

• Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (réservé aux abonnés)