« Le champ de bataille évolue aussi vite que la technologie que vous avez dans votre poche » : pourquoi le Pentagone s’allie à la Silicon Valley
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les partenariats se multiplient entre le secteur de la défense américain et les entreprises californiennes de la tech.
L’événement est passé un peu inaperçu en Europe, mais il a été abondamment commenté outre-Atlantique. Le 13 juin dernier, à la veille de la grande parade menée pour son 250e anniversaire à Washington devant Donald Trump, l’US Army célébrait en Virginie, dans un décorum très protocolaire, la création d’un nouveau corps d’armée, l’Executive Innovation Corps. Alignés en treillis, main droite sur leur képi face au chef d’état-major de l’armée de terre des États-Unis, Randy George, le directeur technologique de Meta, celui de Palantir, le patron des produits d’OpenAI ainsi qu’un conseiller de la start-up Thinking Machines Lab prêtaient serment pour leur incorporation comme lieutenants-colonels du Detachment 201 de l’armée de réserve.
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Pour Julien Nocetti, chercheur associé au Centre géopolitique des technologies de l’Ifri, l’armée américaine a alors pris conscience « de la ressource inexploitée que constituent des plateformes américaines comme Meta, qui pouvaient documenter l’intégralité d’un conflit à partir de leurs réseaux sociaux ». À ses yeux, le début de la guerre en Ukraine en 2022 est un autre accélérateur. Les technologies duales, comme celles de Starlink ou de la start-up Palantir, créée en 2004 par Alex Karp, sont très utilisées sur le théâtre du conflit. « Ce qui était un frémissement est devenu un bouillonnement dans les relations entre tech et Pentagone », explique-t-il.
La perte de capacité industrielle militaire
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Fin novembre 2025, l’entreprise a sécurisé un contrat de plusieurs millions de dollars avec l’Otan pour des services de cloud « souverains ». « Il y a eu un retournement complet par rapport au projet Maven, que Google justifie par la nécessité pour les démocraties de conserver une avance face aux régimes autoritaires », indique encore Julien Nocetti.
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Des noces durables
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« Il y a un énorme risque pour l’Europe de ne pas développer ses propres capacités, confirme Julien Nocetti. Le narratif du retard européen est insatisfaisant : on voit que les choses bougent autour de l’IA et de la défense, mais il faut aller plus loin. »
À entendre les chercheurs, ces nouvelles noces entre la Silicon Valley et le Pentagone sont durables. « Il y a un consensus bipartisan sur la nécessité d’embarquer le secteur de la tech sur les enjeux de sécurité nationale », explique Julien Nocetti. Il rappelle que, de façon opportune et au-delà des centaines de milliards de dollars potentiels de contrats à remporter (Trump veut porter le budget de la Défense à 1 000 milliards l’année prochaine), l’immixtion des géants américains de la tech dans l’appareil militaire américain est aussi un moyen de subsistance. « Lors de leurs procès en démantèlement, les géants de la tech n’ont pas hésité à vendre un récit anti-dislocation en mettant en avant le risque chinois et la nécessité de disposer d’acteurs puissants en face », explique-t-il.
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