Un an après la chute de Bachar al-Assad : "Les Syriens respirent mais la vie quotidienne reste très difficile"
Les Syriens marquent ce lundi le premier anniversaire du renversement du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024. Après près de 14 ans de guerre, la transition reste fragile dans un pays sinistré et en proie aux violences entre communautés. A la tête d’une mosaïque ethnique et religieuse, Ahmed al-Chareh, le président par intérim, s’est engagé à instaurer un régime inclusif avec pour priorité le rétablissement économique du pays.
Offensive éclair et chute de la dictature Assad
L’offensive éclair lancée par des forces islamistes contre le régime de l’ex-dictateur avait débuté le 27 novembre 2024 depuis Idleb. Après avoir pris l’une après l’autre les principales villes syriennes, la coalition de rebelles gagne la capitale Damas et met fin à des décennies de règne du clan Assad. A la tête du mouvement : Ahmed al-Chareh, ancien djihadiste de 43 ans devenu chef d’Etat par intérim.
[...]
A Damas où des dizaines de milliers de Syriens sont descendus dans les rues, "la situation s’est améliorée", témoigne un habitant de la capitale à l’AP. "Il y a plus de liberté, plus de tranquillité d’esprit, on peut sortir de chez soi et rentrer en toute sécurité. De nouveaux produits que nous n’avions pas auparavant sont désormais disponibles dans le pays, alors qu’avant, l’électricité était pratiquement inexistante", ajoute-t-il.
"Les Syriens se sentent libres dans la grande majorité", commente Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales). "Il y a beaucoup plus de débat, tout le monde donne son avis sur ce qui se passe et ça, c’est quelque chose de complètement nouveau", affirme la spécialiste qui par ailleurs pointe la situation économique très difficile du pays.
La pauvreté touche au moins 2 Syriens sur 3
"Ça reste le gros problème, avec une pauvreté qui touche au moins les deux tiers de la population et un pays qui est entièrement détruit. Les choses les plus basiques sont pratiquement inaccessibles. A part à Damas, la capitale, le reste du pays est dans un état de destruction totale. Il faut reconstruire des maisons, remettre de l’électricité, trouver de la nourriture pour tout le monde, etc. Donc évidemment, la vie quotidienne est très difficile mais les gens respirent", explique-t-elle.
Outre les difficultés économiques, la Syrie reste confrontée à d’importants défis sécuritaires, entre de sanglantes violences intercommunautaires et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien. Une récente incursion de forces israéliennes dans le sud du pays a d’ailleurs fait 13 morts.
Cycles de vengeance et de représailles
"La transition de la Syrie est fragile. Beaucoup à travers le pays vont célébrer cet anniversaire, mais d’autres craignent pour leur sécurité, et beaucoup d’autres dormiront encore dans des tentes cet hiver", résume dans un communiqué la Commission internationale indépendante d’enquête sur la Syrie des Nations unies.
L’ONU qui avertit : "les cycles de vengeance et de représailles doivent cesser afin que le pays devienne un État garantissant le plein respect des droits humains de tout son peuple, avec l’égalité, l’Etat de droit, la paix et la sécurité pour tous." Alors la Syrie encourt-elle encore un risque de guerre civile ?
"Après près de 14 ans d’une guerre qui a fait pratiquement 700.000 morts, plus personne ne veut vraiment se battre", répond Dorothée Schmid de l’IFRI, "mais effectivement la Syrie est divisée. Territorialement, elle est encore très fragmentée, le gouvernement ne contrôle pas tous les territoires. Par exemple, dans le nord-est du pays, des portions entières sont aux mains des forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes", explique la spécialiste.
"Il y a aussi ces grandes divisions ethniques et religieuses qui persistent avec des violences contre les minorités Druzes et Alaouites, ces derniers sont la confession de l’ancien régime de Bachar el-Assad, majoritairement installés à l’ouest du pays. La communauté internationale observe la situation de près parce que le Moyen-Orient dans son ensemble est toujours très inflammable sur ces lignes de clivage communautaire et religieuse."
"Par rapport à l’énorme boucherie qu’a été la guerre civile, on peut considérer que la situation est plus ou moins sous contrôle", conclut la spécialiste de la région.
[...]
-> Article à consulter sur le site de RTBF actus.
Média
Journaliste(s):
Format
Partager