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Mode d’emploi des coalitions gouvernementales en Allemagne

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interviewé par Reliou Koubakin dans le podcast « Vu d’Allemagne » de la

  Deutsche Welle 

 
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L'Allemagne se dirige encore une fois vers une coalition gouvernementale après les législatives du 23 février. La CDU/CSU et le SPD ont entamé des discussions. 

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Présentation de l'accord de coalition à Berlin, Berlin, Allemagne - 9 avril 2025
Présentation de l'accord de coalition à Berlin, Berlin, Allemagne - Markus Söder (CSU), Friedrich Merz (CDU), Lars Klingbeil (SPD) et Saskia Esken (SPD), 9 avril 2025
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Ce n’est nullement une surprise : après les législatives anticipées du 23 février remportées par les conservateurs de la CDU/CSU, il n'y a pas encore de gouvernement en Allemagne. Et cela pourrait prendre du temps car il faut s’entendre avec au moins un parti pour former une coalition gouvernementale.  

Les discussions préliminaires pour former une coalition gouvernementale en Allemagne n’ont donc pas pas tardé : cinq jours après les législatives du 23 février, les représentants de l’opposition conservatrice, arrivée en tête, et ceux des sociaux-démocrates arrivés troisième se sont rencontrés pour essayer de s’entendre en vue de diriger le pays pour les quatre prochaines années. La rencontre était prévue pour la semaine prochaine en réalité. Mais vu le contexte international, il faut aller vite.

En arrivant à cette première rencontre, Manuela Schwesig, dirigeante socio-démocrate de l’Etat-région de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale a expliqué que "nous devons tirer les leçons de l'échec du gouvernement sortant. Les conflits permanents nuisent non seulement aux personnes concernées, mais aussi à la démocratie".  

"Ce qu'il faut, c'est une base stable pour la confiance et la fiabilité, la volonté de vraiment vouloir bien travailler ensemble. L'accent ne doit pas être mis sur les gains individuels des partis, mais sur la résolution des grands problèmes, à savoir le développement économique du pays, la sécurité sociale et la sécurité économique des citoyens."  

Interrogée sur la formation dans les plus brefs délais d’un gouvernement de coalition, Manuela Schwesig a répondu : "nous verrons". Consciente que cela peut durer. 

Système électoral proportionnel

Mais d’où vient l’idée qu’un parti doit s’associer à un autre pour diriger un gouvernement ? D’abord, il faut comprendre que cela est en place depuis la création de la République fédérale allemande en 1949. En Autriche voisine et dans les pays scandinaves, les partis doivent aussi s’associer pour gouverner.

  • Hans Stark, professeur à la Sorbonne université à Paris en France et Conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Ifri, précise que "l'Allemagne n’a pas fait le choix, c’est une obligation. L'Allemagne a adopté comme système électoral le système proportionnel".

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M. Stark ajoute que "dans tous les Etats qui ont adopté, pour les élections, le système proportionnel, des coalitions sont nécessaires parce que dans ce système, quasiment jamais un parti n’a eu la majorité absolue. Majorité absolue, vous l’avez uniquement dans des pays comme la France ou la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis. Dans ces pays, le système électoral est donc un système électoral majoritaire".

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Hans STARK
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La seule exception, c’était entre 1957 et 1961. A cette époque, les conservateurs de la CDU/CSU étaient majoritaires, soit plus de 50% des députés, et n’avaient besoin par conséquent d’aucun parti pour gouverner.  

Des discussions et négociations qui durent 

Les coalitions gouvernementales mettent généralement du temps à se former. D'abord, après les élections, les partis politiques représentés au Bundestag font se rencontrer leurs équipes spécialisées dans les questions d’économie, d’immigration, d’environnement, etc. Objectif : trouver un terrain d’entente.  On appelle cela en allemand Sondierungsgespräche, qu’on peut traduire par discussions exploratoires.  

Si ces pourparlers sont prometteurs, les négociations de coalition proprement dites commencent. A l'issue de ce processus, les partis élaborent un "contrat de coalition", une sorte de déclaration d'intention qui définit l'orientation politique du gouvernement dans de nombreux domaines. 

Le dernier contrat de coalition, rédigé en 2021 pour le gouvernement du chancelier Olaf Scholz, comptait plus de 170 pages. Le chef du gouvernement a pris fonction le 8 décembre 2021, soit deux mois et 12 jours après les législatives. Mais le record date de 2017 sous la chancelière Angela Merkel. Ce n’est que plus de quatre mois après les législatives du 24 septembre 2017 que le SPD et la CDU/CSU ont conclu un accord de coalition.     

Texte citation
"Déjà dans une coalition, ce sont souvent des, pas toujours, très souvent des coalitions entre partis qui avaient des programmes électoraux très différents et qui se sont même affrontés pendant la campagne électorale", fait remarquer le professeur Hans Stark de la Sorbonne université. "Maintenant, lorsqu’ils doivent gouverner ensemble, ils ne peuvent pas réaliser ce qui était écrit dans leur programme électoral puisqu’ils ne sont pas seuls".

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Hans STARK
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  • Donc, ils doivent faire des compromis. Il doit y avoir une base commune avant la formation du gouvernement pour permettre aux partis qui s’engagent dans une coalition de surmonter leurs différences et de parvenir à des compromis sur des grandes questions, budgétaires, fiscales, politique étrangère, politique intérieure, politique migratoire, afin de pouvoir gouverner." 

Divergences au sein des coalitions  

Après la coalition gouvernementale mise en place et après que le chancelier entre en fonction, la coalition peut faire face à des divergences.

  • Hans Stark note "lorsque qu’Olaf Scholz a fait son contrat de coalition avec les Verts et les Libéraux, c’était en 2021, c’était avant l’attaque russe contre l’Ukraine en février 2022. Or, avec l’invasion russe de l’Ukraine, la situation budgétaire de l’Allemagne avait totalement changé parce qu’il fallait massivement investir dans la Défense. Ce que le contrat de coalition n'avait pas prévu trois mois avant".  

"Et donc, il peut y avoir des évènements externes qui font qu’un contrat de coalition qui a été conclu au début d’une mandature n’est plus d’actualité. Par conséquent, des divergences qui peuvent exister refont surface."  

Et ces divergences ont conduit le 6 novembre 2024 au limogeage par le chancelier Scholz de son ministre des Finances, le Libéral Christian Lindner. Conduisant ainsi à l’effondrement de la coalition, deux ans 11 mois après sa mise en place.

Autre question autour des discussions pour la formation des coalitions gouvernementales, ce sont les portefeuilles ministériels. Les représentants des partis voulant travailler ensemble doivent décider quel parti occupera quel poste ministériel - et quels domaines seront couverts par ces ministères. 

[...]

>> >> Lire et écouter le podcast sur le site de la Deutsche Welle.

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