Un an de présidence Prabowo : entre populisme économique et reflux démocratique
Élu à presque 60 % des suffrages en février 2024, Prabowo Subianto est officiellement devenu le huitième président de la République indonésienne le 20 octobre 2024. Adoubé par son prédécesseur et ancien rival, Joko « Jokowi » Widodo, porté par une immense popularité, en particulier auprès de la jeunesse, le nouveau chef de l’État n’a pas tardé à mettre en œuvre son programme pour une « Indonésie qui avance » (Indonesia Maju).
L’accession au pouvoir de cet ex-général au passé controversé, figure de l’ancien régime autoritaire de l’Ordre nouveau (1965-1998) et populiste aguerri, fait néanmoins craindre la fin de l’ère démocratique ouverte après la chute de Suharto en mai 1998.
La démocratie indonésienne connaît déjà une phase de régression amorcée sous Susilo Bambang Yudhoyono (2009-2014) et accentuée durant l’ère Jokowi (2014-2024). Celle-ci se manifeste par le recours à la cooptation et la coercition à l’encontre des partis politiques et de la presse ; la répression des oppositions civiles et islamiques ; la centralisation géographique du pouvoir, à rebours des lois de décentralisation de 1999 et 2004 ; ainsi que par l’affaiblissement des instances de contrôle telles que la Commission de lutte contre la corruption (KPK) et la Cour constitutionnelle. Prabowo hérite ainsi d’un régime demeurant certes démocratique, mais dont la branche exécutive apparaît de moins en moins contrainte par l’équilibre des pouvoirs mis en place après la transition de 1998. Les premiers mois du nouveau président semblent s’inscrire dans la continuité de cette tendance en dessinant les contours d’une concentration du pouvoir dans les cercles proches de Prabowo.
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Points clés
Prabowo hérite d’un régime déjà marqué par l’érosion de la démocratie sous Joko « Jokowi » Widodo.
Après un an à la tête d’un gouvernement d’unité, Prabowo resserre son cabinet autour de ses fidèles, assumant le retour à un présidentialisme affirmé.
La première année du mandat de Prabowo se distingue par une prise de distance vis- à-vis de la tutelle exercée par Jokowi sur la vie politique indonésienne.
Son programme phare de repas gratuits et les mesures de soutien à la croissance illustrent tant l’ambition de son agenda économique populiste que ses limites structurelles : dysfonctionnements administratifs, tensions budgétaires et critiques récurrentes concernant la corruption et l’inefficacité de l’État.
Les vagues de manifestations qui ont marqué 2025 traduisent le mécontentement populaire face aux difficultés économiques, aux privilèges des élites politiques et à la militarisation croissante de la vie civile.
Sur la scène internationale, Prabowo incarne avec vigueur la politique de multi-
alignement indonésienne, privilégiant toutefois une diplomatie de prestige plutôt qu’un engagement sur les dossiers les plus sensibles.
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