Le choix existentiel de l’Europe
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la construction européenne s’est développée contre l’idée de puissance ; dans la droite ligne de cette tendance, l’illusion des « dividendes de la paix » aux termes de la Guerre froide a conduit à une réaffectation à d’autres postes d’une partie du budget qui était, jusqu’alors, alloué aux dépenses militaires.
Ce désarmement progressif contraste avec l’affirmation d’autres puissances régionales émergentes et le doublement, en près de vingt ans, des dépenses d’armements mondiales qui ont atteint la somme de 2 240 milliards de dollars en 2022. L’Europe apparaît donc dans une situation sensiblement décalée face à un monde en recomposition et travaillée par de nombreuses tensions sur lesquelles elle semble avoir moins de prises. Les récents conflits en Syrie, en Arménie, à Gaza, dans le détroit de Babel-Mandeb ou en Ukraine, autant que les menaces qui grondent en Corée, dans le détroit de Taïwan ou dans le sud de la mer de Chine, révèlent une forme de brutalisation accrue des relations internationales auquel l’Europe ne semble pas suffisamment préparée.
Xavier Pacreau, maître de conférences en droit public à la Faculté libre de droit de l’Université catholique-de-Lille (France).
Hans Stark, professeur de civilisation allemande contemporaine à Sorbonne-Université (Paris, France), conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Ifri.
Cette publication est parue dans L'Annuaire français de relations internationales 2024, publiée par les Éditions Panthéon-Assas du Centre Thucydide (Pages 451 à 454).
Contenu aussi disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette étudePartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesTrente-cinq ans après la chute du mur de Berlin : à l’Est quoi de nouveau ?
À l’occasion du 9 novembre 2024, qui voit célébrer le 35e anniversaire de la chute du mur de Berlin, partons d’un constat : le mur de Berlin n’est pas « tombé » dans la nuit du 9 novembre 1989.
La politique étrangère de l’Allemagne : une transformation inachevée
Dans un discours du 27 février 2022 devant le Bundestag, le chancelier Olaf Scholz a qualifié la rupture provoquée par l'intervention russe en Ukraine de « changement d'époque » (Zeitenwende). Ces mots puissant marquent la fin de la retenue et d'une certaine forme de naïveté allemande. Tiraillé entre la nécessité de conserver les bonnes grâces de l'allié américain et celle de ménager le partenaire commercial chinois, Berlin est mis face à ses propres contradictions.
L'Allemagne et l'OTAN : la nécessité d'un engagement accru
La guerre d'Ukraine fait prendre brutalement conscience à l'Allemagne de la vulnérabilité de son territoire et révèle l'état d'impréparation de son armée pour participer à u conflit de haute intensité.
La France et l'Allemagne face aux enjeux de la politique sociale de l'Union européenne
Depuis la signature des Traités de Rome en 1957, la dimension sociale de la construction européenne s'est progressivement imposée dans les négociations entre les États membres et elle fait aujourd'hui partie intégrante de l'acquis communautaire.