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En Allemagne, les futurs « microlanceurs » rebattent les cartes du spatial européen

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cité par Cécile Boutelet dans

  Le Monde
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Isar Aerospace, à Munich, est l’une des trois start-up allemandes qui développent des fusées de poche capables de livrer de petits satellites. Mais, à Paris, le dynamisme spatial affiché outre-Rhin n’est pas du goût de tout le monde.

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A travers le hublot de la machine, un rayon lumineux se livre à une étrange chorégraphie. C’est un laser qui, à vive allure, trace un dessin sur une sorte de sable métallique gris. Celui-ci fond au contact du trait de lumière, formant une nuée d’étincelles et un mince filet de fumée. Impossible de détacher le regard de ce ballet lumineux ultraprécis. Le dessin terminé, un bras automatique dépose une nouvelle épaisseur de métal. Et le laser reprend son œuvre. Couche après couche, la machine « imprime » en 3D une pièce métallique aux formes complexes. Ce qui se fabrique sous nos yeux, par ce procédé dit de « fabrication additive », est un composant destiné… à un moteur de fusée.

Dans le hall de l’usine de la start-up Isar Aerospace, à Ottobrunn, dans la banlieue de Munich, une dizaine de machines du même type sont au travail, imprimantes 3D ou fraiseuses. Autour d’elles s’affairent quelques rares travailleurs, qui affichent un air juvénile. Ils sont tous frais émoulus de l’université. Leur chef, Daniel Metzler, a lui-même 29 ans. Leur ambition : mettre au point, d’ici à la fin de l’année 2021, une petite fusée de 2 mètres de diamètre et 27 mètres de long, capable de placer en orbite basse, à 500 kilomètres d’altitude, des satellites de nouvelle génération, ultralégers, parfois à peine plus gros qu’une boîte à chaussures. « Les nouveaux procédés de fabrication nous permettent de concevoir un système de motorisation 100 fois moins cher que les propulseurs européens actuels, plus rapidement », explique-t-il. « Or le moteur, c’est actuellement 40 % du prix de la fusée. »

  • Ce qui se joue sous nos yeux illustre la révolution en cours. Sous l’impulsion des Etats-Unis, qui lui ont donné le nom de « new space », l’espace est en train de s’ouvrir à toute vitesse à des utilisations commerciales en forte croissance et à de nouveaux protagonistes. Deux éléments concourent à cette dynamique, souligne Eric-André Martin, chercheur à l’Institut français des relations internationales, dans une note publiée en mars : la baisse considérable des coûts d’entrée sur le marché du spatial, qui a permis l’arrivée d’acteurs étatiques et d’entrepreneurs privés, comme Elon Musk avec SpaceX ou Jeff Bezos avec Blue Origin, et l’explosion de la demande, sous l’effet de la numérisation de l’économie.

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  • « Le spatial est devenu un marché dynamique et profitable », poursuit M. Martin, précisant que le chiffre d’affaires du secteur au niveau mondial est estimé à environ 240 milliards de dollars en 2018 (environ 203 milliards d’euros, au cours actuel), chiffre qui devrait être multiplié par dix au moins d’ici à 2040. « Il devient une brique essentielle dans une chaîne fonctionnelle à construire par l’Union européenne pour réussir sa transformation numérique. Il s’impose aussi comme une composante critique dans le tissu industriel européen, créatrice de valeur ajoutée et garante de sa compétitivité future. » L’enjeu est aussi géopolitique : difficile de laisser aux Etats-Unis et à la Chine la domination de l’espace, d’autant que l’Europe dispose de compétences-clés en la matière.

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>> Lire l'article sur le site de Le Monde (réservé aux abonnés).

 

Éric André Martin est coordinateur de l'initiative de recherche sur la gouvernance spatiale européenne et secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri.

Lire la publication d'Eric André Martin, « Un changement de paradigme pour l’Europe spatiale », Editoriaux de l'Ifri, mars 2021.

 

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Éric-André MARTIN

Éric-André MARTIN

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Ancien secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri