10
jan
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Léo PÉRIA-PEIGNÉ, invité du Podcast de l'IRSEM, Le Collimateur

Où sont les armes ? Les stocks militaires et la guerre d'Ukraine

Le Collimateur se penche sur l'importance des stocks militaires, avec pour invité, Léo Peria-Peigné, chercheur au centre des études de sécurité de l’IFRI. 

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Comment définissez-vous un stock ?  

Un stock est un élément d’équipement mis en réserve et entretenu pour qu’il soit utilisable dans un délai raisonnable. On distingue les stocks amont et aval.  La mise en stock de matériels en amont de leur utilisation, juste après leur achat, est courante au sein d’armées de conscription pour répondre à l’hypothèse d’une mobilisation de tous les appelés.

La mise en stock de matériels en aval de leur utilisation, lorsque ceux-ci sont remplacés par des équipements plus modernes, permet de disposer en temps de paix de pièces détachées utilisables pour réparer les équipements en service, cette pratique de cannibalisation étant pour l’instant le principal usage fait des stocks dans l’armée française.

Les stocks permettent également de disposer rapidement de systèmes complets, non cannibalisés, mobilisables pour faire face, ou aider un allié à faire face, à un conflit de haute intensité.  

 

Pourquoi avez-vous choisi de consacrer votre étude aux stocks ?  

La guerre en Ukraine a mis en lumière l’importance du recours aux stocks pour faire face à la logique attritionnaire d’un conflit de haute intensité, les russes ayant par exemple perdu 1500 chars depuis le début des combats selon les estimations. Russes et Ukrainiens ont rapidement utilisé sur le champ de bataille des équipements anciens issus de stocks de long-terme.

Côté russe, les rapports de pertes ont montré que Moscou déployaient des matériels soviétiques de plus en plus anciens, et de moins en moins modernisés, au fur et à mesure de l’avancée du conflit, notamment en ce qui concerne les chars (T80, T72 et même T62), les systèmes d’artillerie, et les armes individuelles dont certaines ont été produites au début du 20ème siècle.

Côté Ukrainien, les armes livrées par les Européens et les américains avaient majoritairement été retirées du service actif. Les pays d’Europe de l’Est se sont ainsi beaucoup appuyés sur leurs importants stocks soviétiques. Les grecs, tchèques, slovaques ont en fait de même pour livrer des véhicules blindés d’infanterie tandis que l’Allemagne a fourni aux forces de Kiev des chars Gepard sortis du service en 2016. A l’inverse, la France a majoritairement livré des systèmes modernes, à l’image des canons CAESAR, alors que des équipements plus anciens et encore en service, tels que les canons AUF1, ancêtres du CEASAR, seront bientôt remplacés.  Je me suis ainsi interrogé sur l’état des stocks français et sur la politique de la France et d’autres puissances en la matière.   

[…] 

 

Les thèmes abordés durant l’émission :  

  • 6:00 La genèse et la méthodologie de l’étude 
  • 11:30 Définitions et logiques de stockage 
  • 15:30 Logiques soviétiques et russes du stock 
  • 29:30 Le stockage massif américain 
  • 35:00 Le mystère chinois 
  • 40:30 L’Europe de l’est 
  • 45:30 Les munitions 
  • 52:00 Le cas des stocks français 
  • 1:05:00 Les leçons de la guerre en Ukraine 
  • 1:13:00 Les pistes de complémentarité public/privé 

> Ecouter l’intégralité de l’émission dans Le Collimateur

> Lire l’étude de Léo Péria-Peigné "Stocks militaires : une assurance-vie en haute intensité ?" 

Mots-clés
armement Base industrielle et technologique de défense (BITD) Défense guerre en Ukraine France