02
mar
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marc JULIENNE, invité de Florian Delorme dans "Cultures monde" sur France Culture

Chine vs Etats-Unis : la nouvelle course aux armements

Après avoir abordé lundi les négociations sur le nucléaire iranien en passe d’aboutir à Vienne, puis, hier, le tabou de la dissuasion en Europe tournons-nous aujourd’hui vers la Chine, dont la rivalité avec les États-Unis relance la course aux armements.

France Culture

Le 3 janvier 2022, la Chine s’engageait avec la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, à éviter la course aux armements atomiques, affirmant dans une déclaration conjointe « qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Sauf que, derrière ces bonnes intentions affichées, force est de constater que nous assistons à une inflation des armes nucléaires. En particulier du côté de la chine qui assume d’ailleurs sans complexe la nécessité de « moderniser » son arsenal et de « faire correspondre ses capacités nucléaires au niveau requis pour sa sécurité nationale » pour reprendre la formule du directeur du service de contrôle des armements du ministère chinois des affaires étrangères, Fu Cong. Ce dernier considère que ce sont les Etats-Unis et la Russie qui doivent produire des efforts de désarmement puisque ces deux pays possèdent 90% des têtes nucléaires. De l’autre côté du globe, à Washington, on pointe du doigt l’attitude de Pékin que l’on accuse de refuser de participer aux discussions sur la réduction des armes nucléaires et d’accroitre dangereusement son arsenal.

Comment sortir de cette impasse ? Peut-on éviter la course aux armes nucléaires alimentée par la rivalité sino-américaine ? D’ailleurs quelle est la politique chinoise dans ce domaine ? Quels sont les objectifs de Pékin en matière de capacités ? S’agit-il de rattraper les USA et la Russie, voire de les dépasser ? La Chine en a-t-elle les moyens ? La perspective d’une guerre de haute intensité impliquant la Chine et ses armes atomiques est-elle à craindre ?

Il y a une intensification du développement qualitatif et quantitatif de l’arsenal chinois. Quand on dit que la Chine est une puissance nucléaire moyenne à l’instar de la France, on parle d’une photographie. Mais la dynamique dit l’inverse. Benjamin Hautecouverture

La doctrine nucléaire chinoise est très stable dans l’histoire. Les dirigeants chinois ont posé cette doctrine au lendemain du premier essai nucléaire chinois en 64 : elle repose sur la dimension défensive et le non-emploi en premier. C’est-à-dire qu’elle ne va pas utiliser l’arme nucléaire contre un Etat si elle n’est pas visée par une attaque nucléaire. (…) Mais aujourd’hui cette doctrine semble de plus en plus contradictoire avec l’évolution de son arsenal nucléaire. Taïwan peut être une raison de cette évolution. Marc Julienne

Florian Delorme reçoit Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique et Marc Julienne, chercheur à l’Ifri, responsable de la Chine.

 

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Mots-clés
Dissuasion nucléaire Chine Etats-Unis Russie Ukraine