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"Les djihadistes du Mali restent une menace"

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Alain Antil, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) explique pourquoi l'armée française se bat encore au Mali. Propos recueillis par Frédéric Niel

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La France est intervenue début 2013 contre les djihadistes au Mali. Cinq ans plus tard, la guerre continue. Est-ce un constat d’échec ? L’opération Serval avait des objectifs précis : stopper les colonnes djihadistes qui avançaient vers le sud ; libérer les villes qu’ils occupaient dans le nord ; et y frapper leurs bases logistiques. Ces objectifs ont été atteints. Les buts de guerre de la force Barkhane sont différents : neutraliser les groupes djihadistes les plus menaçants au nord, et aider les armées des pays membres du G5 Sahel* (Mali, Tchad, Burkina Faso, Mauritanie, Niger) à coopérer à leurs frontières communes. Le Mali est militairement le plus faible de la zone.

L’armée malienne ne peut-elle pas affronter seule les rebelles ?

Elle tente de se reconstruire, mais le processus est lent. L’armée malienne est minée par divers facteurs. Depuis des années, les officiers promus étaient plus souvent « fils à papa » que compétents. La corruption était telle que des soldats étaient las d’être envoyés au front par des officiers qui détournaient de l’argent et, pour certains, participaient à des trafics dans le Sahara. Ce sont des hommes de troupe qui ont improvisé le coup d’État en mars 2012. L’armée reste également traumatisée par le massacre d’au moins 80 soldats prisonniers d’un groupe rebelle à Aguelhok, dans le nord, à la même époque, et plus globalement par sa déroute.

Les djihadistes représentent-ils encore une menace ?

S’ils ne peuvent plus conquérir de territoires, ils ne sont pas anéantis et ont même repris des forces depuis deux ans. Ils peuvent frapper n’importe où, comme l’ont montré récemment les attentats à Sévaré, quartier général du G5 Sahel, à Tombouctou, ou à Ouagadougou, au Burkina Faso voisin. Pire, la menace s’est fragmentée. Au nord, on est passé de quatre groupes armés en 2013 à quinze aujourd’hui : des djihadistes, mais aussi des indépendantistes et des milices progouvernementales. Au centre, la violence, nouvelle, vient de milices communautaires qui se forment face à l’incapacité de l’État à protéger les habitants. Certains villageois se rapprochent des djihadistes dans le souci de défendre leur famille ou par intérêt économique, plus que par conviction religieuse. Les problèmes ne sont donc pas que militaires. Et ils ne peuvent être résolus que par les Maliens.

L’armée française est-elle là-bas pour longtemps ?

Si le G5 Sahel se professionnalise, la France pourra redimensionner – réduire – sa force au Mali pour ne plus être en première ligne. C’est un enjeu essentiel car elle risque, à terme, d’être perçue par certains Maliens comme une armée d’occupation.

Lire le texte intégral ci-attaché (PDF)

 

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Alain Antil

Alain ANTIL

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Directeur du Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri