02
juin
2017
Espace Média L'Ifri dans les médias
Vivien PERTUSOT, interviewé par Céline Schoen (La Croix)

Europe : « Mutualiser les moyens dans la recherche de défense »

Quels sont les canaux de coopération à l’échelle européenne en matière de défense ? Quel rôle précis, l’Agence européenne de défense joue-t-elle ? Décryptage de Vivien Pertusot, chercheur associé à l'Ifri.

La Croix

L’Agence européenne de défense (AED) existe depuis 2004. Pourquoi est-elle souvent décrite comme un échec ?

D’emblée, deux écoles se sont opposées pour cerner son mandat : la « Française », prônant une agence de l’armement capable d’initier des programmes ambitieux, et la « Britannique », qui voulait d’une agence qui se contente de « parler » de défense. C’est plutôt ce deuxième modèle qui a vu le jour. L’agence est donc née avec ce postulat : ne pas en faire une agence de l’armement capable de commander des équipements au niveau de l’Union européenne (UE).

Quels obstacles doit-elle surmonter ?

L’AED tente de lancer des coopérations entre pays souverains, de créer des synergies, dans des domaines tels que l’entraînement et la formation. Mais son budget est restreint : une grande partie est dédiée à ses seuls frais de fonctionnement. Et les « gros » États rechignent à y recourir car elle apparaît comme un objet non identifié. Ils lui préfèrent l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAr), qui rassemble La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et la Belgique. En effet, les États n’ont pas un contrôle complet sur l’AED, alors que l’OCCAr est strictement intergouvernementale et l’UE n’a aucun avis à y donner.

Comment relancer l’AED ?

Elle pourrait tirer son épingle du jeu dans le cadre d’une « action préparatoire sur la recherche de défense », lancée par la Commission. Les budgets nationaux de recherche et développement ont baissé ; il semble donc pertinent de donner un coup de pouce aux États membres et de leur permettre de mutualiser leurs moyens. Les premiers projets pilotes seront lancés d’ici à 2020, et si cela fonctionne, dans le prochain budget de l’UE (2021-2028), une partie des fonds dédiés à la recherche pourra être consacrée aux questions de défense. Dans ce paysage, l’AED pourrait donc avoir un rôle important à jouer.

Mots-clés
Defense Sécurité Agence européenne de défense AED Organisation conjointe de coopération en matière d’armement OCCAr Europe Union européenne