11
avr
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marc JULIENNE, cité par AFP

Macron sème le trouble parmi ses alliés avec des propos sur Taïwan

Le président français Emmanuel Macron était mardi sous le feu des critiques des deux côtés de l'Atlantique après ses propos appelant l'Union européenne à ne pas être "suiviste" des Etats-Unis ou de la Chine sur la question de Taïwan.

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De retour d'un voyage en Chine, le dirigeant français a déclaré au site américain Politico et au quoddien économique français Les Echos que l'Europe ne devrait pas s'aligner sur les Etats-Unis ou sur la Chine en cas de conflit à propos de Taïwan. "La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes" sur la question de Taïwan "et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise", a déclaré Emmanuel Macron.
 
L'Elysée met notamment en avant la nécessité d'une "Europe souveraine" et "d'une autonomie stratégique". Les propos du président reflètent également la volonté de ne pas jeter de l'huile sur le feu face à une possible escalade entre la Chine et les Estats-Unis.
 
Nombre d'analystes et politiciens en Europe et aux Etats-Unis s’interrogent sur l'opportunité de ces propos au moment où Washington assure la sécurité de l’Europe en soutenant politiquement, militairement et financièrement l'Ukraine et alors même qu'un conflit entre les deux premières puissances mondiales sur Taïwan auraient des répercussions pour les Européens.

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"Fiasco"

Pour les experts, les propos du président français sont "inopportuns" alors qu'Emmanuel Macron a déjà eu des prises de positions irritantes pour certains de ses alliés, comme son diagnostic de "mort cérébrale" de l'Otan en 2019 et plus récemment sa volonté de ne pas "humilier" la Russie lorsque la guerre russe en Ukraine se terminera.

"C'est inopportun et contradictoire car s'il y a une crise dans le détroit de Taïwan les intérêts de la France et de l'Union européenne seront immédiatement affectés", affirme à l'AFP Marc Julienne, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri). "La question du détroit de Taiwan est justement notre affaire".

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"Voix singulière"

Face au tollé, l’Elysée a défendu la posture du président : L’Europe "doit pouvoir faire entendre sa voix singulière". Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a estimé sur la radio Europe 1 qu'Emmanuel Macron avait "parfaitement raison de réclamer l'indépendance et la souveraineté européenne comme il le fait depuis 2017".

Ancien conseiller d'Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné a appelé sur la radio France Inter à ne pas "caricaturer les propos" du président, soulignant que ce dernier souhaitait que l'Europe et la France puissent jouer "un rôle de désescalade". "Et dans ce cadre-là, évidement, nos alliés sont les Américains", a-t-il assuré. Mais pour Marc Julienne,

"Le risque est que Macron ait porté atteinte ou égratigné cette unité européenne en construction".

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>> Retrouvez la dépêche intégrale sur le site d'AFP

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