11
avr
2018
Espace Média L'Ifri dans les médias
Benjamin AUGE, cité par RFI

Nigeria : la candidature de Buhari à sa succession ne fait pas l'unanimité

L'annonce de la candidature de Muhammadu Buhari pour un second mandat à la tête de l'Etat suscite des réactions variées. Le président a officiellement annoncé ce lundi son intention d'obtenir l'investiture de son parti, le All Progressive Congress ou APC, pour l'élection présidentielle prévue en février 2019. Ces trois derniers mois, la candidature de l'ancien général de 75 ans était devenue un secret de polichinelle. Depuis ce lundi, partisans et critiques se déchainent.

Criant, la mine réjouie, c'est avec ferveur que des centaines de jeunes ont déferlé dans la ville de Kano, la mégalopole du nord du Nigeria à l'annonce de la candidature du président Muhammadu Buhari, ce lundi.

Dans le sillage de ce bastion musulman traditionnellement acquis au chef de l'Etat, ses soutiens politiques de la première heure ont pris d'assaut les réseaux sociaux pour vanter le bilan de l'administration Buhari, sa politique anti-corruption et l'affaiblissement de Boko Haram.

« Un bilan inexistant », estiment au contraire ses adversaires pour qui l'ancien général n'est autre qu'« un grand-père » qui « s'accroche au pouvoir ».

De fait, les récents déplacements de Muhammadu Buhari dans plusieurs Etats n'ont pas fait oublier la lenteur des prises de décisions de « Baba Go Slow », comme le surnomment les Nigérians. Les difficultés économiques se sont accentuées alors que les tensions ethniques jalonnent l'ensemble du pays. Cette présidence a surtout été ternie dès le début par des problèmes de santé, qui ont contraint le chef de l'Etat à de longs séjours à l'étranger.

Mais rien n'est encore joué. Pour être candidat, Muhammadu Buhari devra être investi lors des primaires du All Progressive Congress. « Cela fait déjà un certain temps qu'il [l'APC, ndlr] commence à s'organiser pour faire en sorte que ce soit lui qui continue pour un prochain mandat supplémentaire de quatre ans », explique Benjamin Augé, de l'Institut français des relations internationales (Ifri). Mais, poursuit le chercheur, Buhari n'est qu'un candidat par défaut de l'APC, le parti « n'arrive pas à trancher le leadership avec une génération de gens qui ont une cinquantaine d'années, et donc il repousse le projet d'une clarification politique qui est un renouvellement générationnel à 2023. Et personne ne fait consensus de toute façon pour faire poids face à Buhari. Il y a beaucoup d'individualités qui sont parfois puissantes dans leurs régions ou dans leur Etat, mais qui pèsent assez peu finalement au niveau national. Donc on a un candidat qui est connu, donc le bilan est plutôt très très médiocre, mais on n'a pas d'alternative actuellement à l'APC. C'est pour ça qu'ils ont préféré faire ce choix qui sera confirmé dans les prochains mois. »

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