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Nous reprenons ci-après, et dans notre prochaine édition, la note de l’IFRI, rédigée par Marc Antoine Eyl-Mazzenga, intitulée : « Quel cadre pour un partenariat énergétique et climatique Europe-Afrique gagnan-gagnant ? »

Contenu intervention médiatique

Les enjeux d'une nouvelle approche dans les domaines de l'énergie et de l'environnement

Quatre enjeux au cœur des tensions Nord-Sud et devraient être prioritaires dans une stratégie extérieure du Green Deal qui reste à consolider et mettre en œuvre de manière stratégique.

Hydrocarbures : pas de boom pétrolier, mais un essor du gaz

Les nouveaux projets pétroliers en Afrique subsaharienne peuvent permettre de ralentir le déclin de la production du continent, passée de 9,7 millions de barils par jour (mbj) en 2012 à environ 7 mbj attendus en 2023 (et qui a précipité bon nombre de producteurs dans la crise en 2015-2020 du fait de la chute des prix), soit moins de 8 % du total mondial, Les nouveaux producteurs et exportateurs sont ou seront notamment le Mozambique (GNL en offshore), la Tanzanie (GNL), la Namibie (pétrole, gaz), l’Afrique du Sud (potentiellement pétrole et gaz offshore), le Sénégal et la Mauritanie (GNL depuis l’offshore dès la fin de l’année), la République démocratique du Congo (pétrole et gaz) ou encore la Côte d’Ivoire (pétrole et gaz), le Congo- Brazzaville (GNL) et l’Ouganda (pétrole). Quatre constats préliminaires peuvent être dressés : II n’y a pas de boom pétrolier en Afrique subsaharienne. Les nouveaux projets pétroliers devraient permettre une hausse d’1 mbj de la production ces prochaines années et 2,5 mbj dans la décennie 2030, soit moins que les niveaux des années 2000 et guère plus de 10-15 % du total des investissements mondiaux dans l'exploration et la production. La production et les exportations de gaz vont néanmoins croître sensiblement davantage, la production passant de 255 milliards de mètres cubes par an (Gm3) en 2022 (0,6 % de la production mondiale) à potentiellement 340 Gm3 en 2030, nécessitant entre 15 et 20 milliards de dollars d’investissements par an en moyenne. S’il n'y a pas de boom, il y a incontestablement une course : les gouvernements pressent désormais les acteurs pour lancer les projets au plus vite et ainsi pouvoir en bénéficier.

  • Le secteur pétrogazier, aux côtés du secteur minier, a jusqu'ici représenté l’essentiel des IDE dans la région (37 milliards de dollars attendus en 2023). Les majors européennes, traditionnellement très présentes, agissent désormais avec le souci de renforcer le contenu local (ce qui peut représenter des centaines de millions voire dans certains cas des milliards de dollars de contrats locaux par projets), de réduire leur empreinte environnementale et de renforcer le développement social et économique dans les territoires où elles opèrent, pour trois raisons : l’acceptabilité sociétale, le besoin d’avoir un environnement de sous-traitance local efficace (et compétitif) et les demandes des autorités. Pour la première fois, une partie grandissante des ressources extraites est destinée aux marchés locaux, où des centrales à gaz ou industries seront alimentées au gaz, ce qui permettra de se passer de charbon, de générateurs diesel ou de renforcer le réseau en couplage avec les ENR. Idem pour le pétrole, où des producteurs veulent se doter de raffineries pour capter plus de valeur et ne plus importer les produits raffinés (Nigeria, Ouganda). Des points de friction « traditionnels » demeurent, comme la pression fiscale locale ou le recours imposé à des partenaires locaux proches des décideurs.
  • S’il est de plus en plus difficile de financer des projets pétroliers et de charbon, le financement du gaz est encore possible, mais de plus en plus contraint pour les banques européennes. Pour les banques asiatiques,américaines,d'Afrique du Sud ou du Moyen-Orient, il n’y a pas ou peu d’entraves.
  • Les majors européennes listées,qui doivent rendre des comptes sur leurs activités, ne sont plus en situation dominante (31% désormais des investissements) et sont dépassées par les sociétés nationales, certaines sociétés asiatiques qui n’opèrent pas selon les mêmes critères de RSE et standards de l’IFC, et des petits acteurs qui rendent moins, ou pas du tout, de comptes. Les majors américaines sont en retrait. Les acteurs indiens ou chinois sont en embuscade. Lorsqu’une major européenne vend ses parts ou actifs, c’est généralement un petit acteur qui les reprend. Ils sont parfois vertueux, mais sont évidemment moins scrutés et moins exposés politiquement.
  • Les Etats détenteurs de ressources sont déterminés à les développer coùte que coùte car c’est souvent la seule source d’accès aux capitaux et revenus des marchés mondiaux (s’ily a de l’export) et donc, en principe, un outil de développement. Certes, la gouvernance dans certains Etats n’est pas pluraliste, voire autoritaire, mais une tendance nette s’esquisse: une volonté de rompre avec la malédiction des ressources et de ne pas dupliquer les erreurs commises par certains producteurs du golfe de Guinée notamment. Ainsi, l’Extractive Industries Transparency Initiative (EITI) parvient à développer des coopérations constructives avec les entreprises privées, des gouvernements et la société civile dans un nombre croissant de pays, notamment en Afrique de l’Ouest, comme avec la Mauritanie et le Sénégal. L’AIE est invitée à réaliser des études-pays en Ouganda ou au Sénégal pour aider à construire des stratégies de long terme. Par ailleurs, le Kenya et le Sénégal sont devenus Etats associés à l’AIE, venant rejoindre l’Egypte, le Maroc et l’Afrique du Sud sur le continent. Reste à voir si ces soutiens techniques sont ensuite suivis,consolidés ou oubliés, mais une opportunité existe.
  • Faut-il prendre position contre le développement de ces hydrocarbures et encourager activement des alternatives ?

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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA

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Directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri