La transition énergétique allemande à la croisée des chemins : pressions mondiales ou îlot énergétique vert

En réponse à la catastrophe nucléaire survenue à Fukushima au Japon en mars 2011, l’Allemagne a décidé d’entamer unilatéralement une transition énergétique sans précédent en se fixant des objectifs particulièrement ambitieux comme la sortie progressive du nucléaire d’ici 2022 ainsi que l’instauration d’un système énergétique viable et autosuffisant sur le long terme.
Cette décision a été reçue de manière très variable. Au sein de son propre pays, la transition énergétique proposée par Angela Merkel a été majoritairement applaudie même si elle s’inscrivait en rupture totale avec les politiques menées précédemment visant à prolonger la durée de fonctionnement des centrales nucléaires. Elle a cependant été davantage critiquée à l’étranger, et notamment parmi les partenaires européens de l’Allemagne, dans la mesure où ces derniers n’avaient pas été consultés avant toute prise de décision malgré l’impact fort que celle-ci pouvait avoir sur leur propre sécurité énergétique.
Quatre ans après l’annonce par Angela Merkel du début de la transition énergétique, force est de constater que beaucoup d’efforts restent encore à accomplir et que les objectifs fixés sont loin d’être atteints. La politique énergétique allemande n’a tout d’abord pas su s’adapter suffisamment au contexte mondial en constante mutation, marqué notamment par la révolution du gaz de schiste aux États-Unis, les bouleversements géopolitiques, l’absence de volonté d’engagement de la part des grands pollueurs, etc. Pour le moment, elle a échoué également à trouver un équilibre viable entre protection environnementale, sécurité énergétique et compétitivité, et à agir en adéquation avec ses partenaires européens sans lesquels il lui sera impossible de relever les grands défis du changement climatique et de la sécurité énergétique européenne. Si l’Allemagne ne parvient pas à atteindre ses objectifs, elle pourrait voir sa compétitivité et son influence géopolitique et économique se dégrader au niveau international, entraînant avec elle un affaiblissement de l’UE dans le monde.
Frank Umbach est directeur de recherche au European Centre for Energy and Resource Security (EUCERS) du King’s College de Londres et associé senior au Centre for European Security Strategies (CESS) GmbH de Munich.
.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La transition énergétique allemande à la croisée des chemins : pressions mondiales ou îlot énergétique vert
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesL’Allemagne face à l’Amérique de Trump. Une rupture sans précédent
Le 6 novembre 2024 Donald Trump est réélu à la présidence des États-Unis. Le même jour, Olaf Scholz annonce qu’il limoge son ministre des finances, Christian Lindner, décision qui va mettre un terme à la coalition tripartite au pouvoir depuis trois ans et ouvrir la voie à des élections anticipées.
Les évolutions du comportement des électeurs allemands
Les élections fédérales du 23 février 2025 ont été marquées par le caractère exceptionnel de ce vote anticipé et la brièveté de la campagne électorale. L’éparpillement du vote et la grande volatilité des électeurs ont conduit à une redéfinition du paysage et de la géographie des partis en Allemagne.

DOSSIER - Les élections anticipées en Allemagne du 23 février 2025
Les résultats des élections fédérales anticipées du 23 février 2025 sont plutôt clairs et représentatifs puisque, avec 82,5 %, le taux de participation a été particulièrement élevé. C’est le plus élevé depuis l’unification en 1990.
La « Saga Huawei » en Europe revisitée : les enseignements allemands pour le déploiement de la 6G
Bien que l’Union européenne ait tenté de coordonner une réponse commune dans le déploiement de la 5G en Europe via sa « boîte à outils 5G », les États membres ont suivi des approches divergentes, pris entre considérations politiques, économiques et technologiques. L’Allemagne – malgré ses liens économiques étroits avec la Chine et son statut de premier marché européen des télécommunications – n’a trouvé qu’un accord vague en juillet 2024, dont la portée semble surtout symbolique.