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Pourquoi l'armée chinoise n'est pas (encore) l'égale de celle des États-Unis

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Cité par Jérémy André pour

  le Point 

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Malgré des percées technologiques dans plusieurs domaines, promues en fanfare sur les réseaux sociaux, les armes chinoises restent, pour le moment, à la traîne face à Washington.

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Marc Julienne
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Ces images arrivent par vagues incessantes - comme les fantassins en nombre infini d'une guerre numérique. En mai 2024, il s'agissait d'un chien robot tirant avec un fusil d'assaut fixé sur son dos.

Durant l'été, c'était une arme « laser » dernier cri installée sur le navire de transport Type 071. Le 26 décembre (pour l'anniversaire de Mao), de courtes vidéos révélaient deux prototypes mystérieux, des avions de chasse furtifs, supposément de sixième génération : un bimoteur - baptisé J-50 par les fans, selon la nomenclature de l'armée de l'air chinoise - et un triréacteur sans queue et aux ailes double delta en diamant - appelé, lui, J-36.

Et, en mars 2025, ce sont encore des photographies de gigantesques barges s'assemblant pour former un port mobile et une jetée de 820 mètres qui ont intrigué les observateurs de l'Armée populaire de libération (APL), le nom officiel des forces établies par le Parti communiste chinois.

Un objectif : inverser le rapport de force

Une autre manière de dire qu'elle vise la première place d'ici à 2050 ? « Le gouvernement chinois n'a pas clarifié ce que serait une "armée de rang mondial", admet le colonel Zhou Bo, chercheur à l'université Tsinghua de Pékin, la plus prestigieuse du pays. [...]

Le but poursuivi : inverser le rapport de force avec Washington. Dans l'immédiat, les observateurs indépendants de l'armée chinoise en doutent. 

Texte citation
La Chine est encore assez loin derrière les États-Unis. Certes, elle progresse rapidement dans certains domaines. Pourrait-il y avoir un saut technologique à même de dissuader les États-Unis de l'affronter ? Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

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Marc JULIENNE
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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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Large attirail de missiles

Pékin a cependant d'autres atouts dans sa manche. Comme le souligne le colonel Bo, le débarquement et l'invasion seraient un « scénario du pire ». Les stratèges espèrent mettre à genoux Taipei avant cela, par une « attaque multidomaine », un blocus, des cyberattaques, des frappes et des troupes aéroportées, en rendant impossible toute mission de secours américaine ou alliée.

Pour cela, la Chine dispose d'un attirail de missiles, une « caisse à outils balistiques très variés » dans laquelle ils investissent depuis les années 1950, retrace le chercheur de l'Ifri Marc Julienne : missiles très longue portée (le DF-41), longue portée (le DF-26), courte portée, antinavires et, désormais, planeurs hypersoniques (le DF-ZF exhibé en octobre 2019).

Toute approche d'une flotte américaine serait périlleuse. Des images satellites ont, de plus, révélé ces dernières années un chantier pharaonique de construction de silos de lancement de missiles intercontinentaux dans le nord et l'ouest de la Chine, dont le nombre total pourrait passer, d'ici à 2030, de 140 à plus de 450, selon une étude japonaise de janvier 2025, surpassant à la fin de la décennie les capacités américaines. [...]

Les Américains ne restent pas les bras croisés. En juin 2024, lors du Dialogue de Shangri-La, le grand forum de défense de l'Indo-Pacifique à Singapour, l'amiral Samuel Paparo, commandant de la VIIe flotte et d'Indopacom, a exposé au Washington Post son concept stratégique pour dissuader son adversaire : équiper Taipei de milliers de drones et transformer le détroit de Taïwan en « paysage infernal » (« Hellscape ») où les pertes durant une traversée de plus de 180 kilomètres seraient trop importantes.

Une faiblesse également dans les airs

« C'est trop simplificateur, objecte le colonel Zhou Bo. S'il veut employer autant de drones, nous aussi nous avons des drones, au moins parmi les meilleurs. » « Le Wing Loong, équivalent du Reaper américain, s'est vendu au Nigeria, en Jordanie, en Égypte et dans le Golfe, mais un certain nombre d'entre eux se sont crashés », précise Marc Julienne. En face, les Américains ont mis les « bouchées doubles », avec Replicator, un plan à 1 milliard de dollars pour la dronisation de vieux appareils habités, qui pourront fonctionner en équipe avec leurs chasseurs F-35.

Les nuées de drones civils légers employés pour des spectacles de son et lumière en Chine présagent les essaims de drones, où un grand nombre d'appareils, lancés par exemple d'un navire porte-drones, se coordonneront grâce à l'intelligence artificielle pour mener des attaques de saturation. [...]

La Chine est largement distancée avec ses deux vieux porte-avions de modèle soviétique, et un troisième, le Fujian. Un quatrième, désigné comme le Type 004, est en construction. Si sa taille égale la classe Ford, on ne connaît pas son mode de propulsion. « Le cinquième n'est pas en cours de construction, rappelle Marc Julienne, de l'Ifri. L'économie chinoise n'est pas au mieux de sa forme. » 

[...]

Une corruption paralysante ?

« C'était aussi une énorme surprise pour nous », admet Zhou Bo, qui y voit un « grand bond dans le domaine aéronautique ». Pour Marc Julienne, de l'Ifri, « des programmes actuels, moins sexy, sont plus importants » : l'avion furtif J-20, le Y-20 pour le transport lourd et sa version ravitailleur, YU-20... Le nombre de sous-marins nucléaires d'attaque - neuf seulement - reste, lui, insuffisant. Le gros de leur force, une soixantaine de submersibles, est encore propulsé au diesel.

« Ils jouent à domicile », nuance Marc Julienne, qui les voit maîtres des mers de Chine et du détroit de Taïwan en raison de leur nombre. Mais, en cas de guerre sous-marine, la supériorité de leurs adversaires leur permettrait de couper les lignes d'approvisionnement des porte-avions positionnés à l'est de Taïwan. Dernier handicap : « Leurs sous-marins à propulsion nucléaire font encore beaucoup de bruit », rit le Taïwanais Si-Fu Ou. [...]

 

>Lire l'article sur le site du Point.

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