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Suprématie aérienne, recours à l’IA... Les leçons de la supériorité militaire d’Israël contre le Hamas

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cités par Nicolas Barotte dans

  Le Figaro 

 

 
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Deux ans après le lancement de l’opération « Glaives de fer », l’armée israélienne a remporté une victoire tactique sans appel. À Gaza, l’armée israélienne a depuis longtemps gagné la guerre militairement. Au moment où se négocie entre Israël et le Hamas, deux ans après la brutale attaque terroriste qui a coûté la vie à 1 200 Israéliens et conduit à l’enlèvement de 251 personnes (48 se trouvent encore à Gaza, dont une vingtaine au moins serait en vie), un possible cessez-le-feu, il ne reste plus grand-chose du petit territoire palestinien. Les villes sont en ruine. Les hôpitaux et les écoles ont été ciblés.

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Véhicule blindé de transport de troupes (VTT) de l'armée israélienne le long de la frontière avec la bande de Gaza - 7 août 2025
Véhicule blindé de transport de troupes (VTT) de l'armée israélienne le long de la frontière avec la bande de Gaza - 7 août 2025
Jim Hollander/UPI/Shutterstock
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Après le traumatisme sanglant du 7 Octobre, Tsahal a usé de tous les moyens à sa disposition pour prendre l’ascendant contre son ennemi. Le danger existentiel qu’incarnait le Hamas a disparu. Si la milice peut encore se livrer à des actes de guérilla marginaux, elle n’est plus en mesure de menacer Israël. Pour parvenir à ce résultat, « l’armée israélienne a appliqué les principes de la guerre de contre-insurrection, mais avec un emploi de la force disproportionné et désinhibé », constate une source militaire française. « S’ils avaient pu, les militaires israéliens auraient arrêté leurs opérations à Gaza depuis des mois », croit savoir la même source. Militairement, leur poursuite ne se justifiait pas.

Confort opératif unique

Dans une étude fouillée, l’Institut français des relations internationales (Ifri) a analysé les enseignements militaires de l’opération Glaives de fer, lancée en riposte à l’agression du Hamas. Le premier ministre, Benyamin Netanyahou, lui avait fixé trois objectifs : détruire militairement le Hamas ; lui interdire toute capacité de remontée en puissance ; libérer les otages. Les deux premiers ont été atteints. 

Au bout d’un an, à l’automne 2024, 22 des 24 bataillons que comptait le Hamas ont été neutralisés, observent les chercheurs Amélie Férey et Pierre Néron-Bancel
 
Selon des estimations américaines, le mouvement aurait cependant reconstitué en partie ses effectifs en recrutant quelque 17 000 nouveaux combattants. « Mais il s’agit de jeunes hommes polytraumatisés et peu expérimentés. Ils n’ont rien à voir avec les bataillons initiaux du Hamas, motivés et entraînés », souligne Amélie Férey. Les forces aériennes ont opéré dans un confort opératif unique

 

Pour remporter sa victoire, Tsahal a profité d’une suprématie du ciel totale. « Les forces aériennes ont opéré dans un confort opératif unique », écrivent les chercheurs. 

Cette couverture a permis une surveillance permanente du territoire. Les très faibles élongations ont rendu possible des frappes quasi immédiates ainsi qu’un appui resserré aux troupes au sol dans le cadre d’opérations de « close air support ». Mais les bombardements ont compliqué l’offensive terrestre lancée dès octobre 2023 en transformant l’espace en champ de ruine. L’opération Glaives de fer a généré plus de 47 millions de tonnes de débris sur toute la bande de Gaza. 1 200 km de routes avaient été détruits en août 2024, soit 63 % de l’infrastructure routière. Pour la source militaire française, Tsahal a cherché « à imposer des destructions » : pour marquer les esprits comme pour affaiblir le Hamas.

Dissimulés au sein des infrastructures civiles et dans les souterrains de Gaza, les membres du Hamas ont tenté de profiter du contexte de combat en zone urbaine. 

Pour faire face à ce défi, Tsahal a su intégrer le génie, symbolisé par ses bulldozers D9, dans ses manœuvres. Il a aussi dû se battre dans le « métro de Gaza », qui représentait « jusqu’à 600 km de galeries, répartis en environ 1 500 segments et plus de 5 000 puits d’accès », estiment les chercheurs. 
 
La progression des unités spécialisées, comme celles du bataillon de forces spéciales du génie Yahalom, a été lente : « Pour une journée passée à contrôler un espace en surface, il a fallu compter 4 à 5 jours pour contrôler l’espace souterrain afférent. »
Invincibilité aérienne

Le dernier facteur de supériorité opérationnel israélien a reposé sur sa capacité de ciblage renforcée par des outils d’intelligence artificielle. « Développés pour la Target Division, et issus de l’unité 8 200, au moins six logiciels ont été recensés dans l’opération », énumèrent les auteurs : Alchemist, pour calculer la trajectoire adéquate d’interception des roquettes, Gospel, pour détruire des infrastructures, Depth of Wisdom, pour la localisation des tunnels, Fire Factory, pour l’élaboration en temps réel de plans de frappes, Lavender, pour l’identification des cibles humaines, et Where’s Daddy pour leur localisation. 

« Selon les autorités israéliennes, plus de 15 000 cibles auraient été frappées au cours des 35 premiers jours du conflit à Gaza, soit trois fois plus qu’au cours de l’opération Bordure protectrice en 2014 », qui avait duré 51 jours, poursuivent-ils. Lavender aurait ainsi pu identifier 37 000 cibles humaines grâce au renseignement accumulé pendant des années, au croisement des données et à une tolérance accrue pour les erreurs.

« Les cibles peuvent être sélectionnées en fonction de schémas de vie déduits par les algorithmes, sans confirmation formelle de leur identité. Par exemple, changer fréquemment de téléphone ou de domicile, allumer son téléphone à certains moments de la journée, être sur un groupe WhatsApp dans lequel est un autre membre du Hamas, posséder un téléphone ayant appartenu à un membre du Hamas sont autant d’indices qui augmentent la probabilité de faire partie du mouvement », analysent les auteurs. Un taux d’erreur de 10 % a été évalué. Tsahal a élargi son ciblage « à l’ensemble des membres du Hamas, tout en accordant une moindre priorité à la limitation des dommages collatéraux », concluent-ils.

La capacité technologique et l’invincibilité aérienne se sont paradoxalement accompagnées de bombardements intensifs non ciblés. Confronté à une guerre longue, Tsahal s’est trouvé à court de kits de guidage pour ses bombes. 

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Nicolas Barotte

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Amélie FÉREY

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Pierre NÉRON-BANCEL

Pierre NÉRON-BANCEL

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Ancien Officier inséré de l'Armée de Terre au sein du laboratoire de recherche sur la défense de l'Ifri

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Véhicule blindé de transport de troupes (VTT) de l'armée israélienne le long de la frontière avec la bande de Gaza - 7 août 2025
Jim Hollander/UPI/Shutterstock