L'intrusion ukrainienne, un pied de nez à la doctrine nucléaire russe
Kiev a réussi une première mondiale : l'invasion d'une portion substantielle de territoire d'une puissance dotée de l'arme atomique. En profitant du fait que le seuil de déclenchement du feu nucléaire n'est pas très bas.
L’incursion de l’armée ukrainienne dans la région russe de Koursk est d’un culot historique. C’est tout simplement la première fois qu’une puissance non nucléaire occupe une portion du territoire d’un pays doté de bombes atomiques et aux frontières reconnues par le droit international.
De quoi, de prime abord, remettre en question la « grammaire » de la dissuasion nucléaire, cet ensemble sophistiqué de règles implicites et de scénarios empruntant à la théorie des jeux. Elle stipule, depuis que l’URSS a rejoint en 1949 les Etats-Unis dans le club des pays « dotés », que personne n’oserait jamais attaquer le territoire d’un pays disposant d’un arsenal nucléaire. L’offensive ukrainienne violerait de ce fait un tabou, avec des conséquences potentiellement vertigineuses.
Cette incursion ne remet pas du tout en question la dissuasion nucléaire russe, ajoute Héloïse Fayet, de l’Institut français des relations internationales, puisqu’elle ne constitue pas une menace sur ce que les Français qualifient d’intérêts vitaux (la formule russe est “menace existentielle”), même si elle égratigne l’intégrité territoriale du pays .
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