Les groupes d’autodéfense, pompiers pyromanes du Sahel

Depuis 2012, la prolifération des groupes djihadistes à travers le Sahel monopolise l’attention des autorités. Contraints par les menaces qu'ils représentent et l'affaiblissement de leur pouvoir régalien, les Etats se retirent progressivement de leurs territoires ruraux périphériques. Les populations se sont alors organisées pour se constituer en pourvoyeurs de sécurité locaux.

Si les entités d’autodéfense communautaires ne sont pas un phénomène nouveau au Sahel, l’apparition du djihadisme armé a fait converger les intérêts de ces groupes objectivement menacés par les djihadistes avec ceux des États rencontrant des limites dans leurs opérations contre-terroristes. Ces derniers sont donc tentés de sous-traiter ces missions régaliennes de sécurité à des acteurs évoluant dans les mêmes terroirs que les djihadistes. Cette dynamique d’externalisation observable dans toutes les zones d’insurrection djihadistes sahéliennes pourrait s’inscrire dans une logique de coproduction de sécurité.
Toutefois, cette production hybride ne s’accompagne pas forcément d’un encadrement formel, légal et coordonné : l’implication armée des groupes d’autodéfense dans les guerres insurrectionnelles en fait également des facteurs aggravant d’insécurité. Entre exacerbation des violences à base communautaire et substitution érodant l’autorité étatique, ces entités d’autodéfense font émerger des formes alternatives de gouvernance armée. Ces exemples sahéliens invitent à interroger le modèle wébérien de l’État ainsi que les modalités de gouvernance locale, à la rencontre des systèmes étatiques, coutumiers et djihadistes.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Les groupes d’autodéfense, pompiers pyromanes du Sahel
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLes tentations nucléaires de l'Arabie saoudite
L'intégration de l'Arabie saoudite sur la scène internationale et la stabilité régionale, notamment grâce à la réduction de sa dépendance aux énergies fossiles, sont des éléments essentiels à la réussite de la Vision 2030 du Royaume, la priorité absolue du prince héritier. Cependant, les déclarations de Mohammed ben Salmane en 2018 et 2021, indiquant que « si l'Iran développe une bombe nucléaire, nous ferons de même dès que possible », combinées aux récentes frappes contre des installations nucléaires iraniennes clés, ne présagent rien de bon pour l'avenir du Royaume, de la région et du régime de non-prolifération dans son ensemble.
L'Europe à découvert ?
Alors que la Russie continue de menacer l'Europe, l'administration Trump ne cache pas son intention de se désengager – au moins partiellement – de la défense du continent pour se concentrer sur la compétition stratégique avec la Chine. Elle met ainsi la pression sur ses alliés européens pour qu'ils investissent davantage en matière militaire. Le sommet de l'OTAN qui s'est tenu à La Haye en juin 2025 a abouti à des engagements ambitieux des États membres pour relever leurs dépenses de défense.
La guerre au commerce au XXIe siècle. Enjeux et défis pour la Marine française
La guerre au commerce en mer, définie comme le ciblage des navires marchands ou des infrastructures économiques d’un adversaire, demeure une pratique persistante malgré son interdiction formelle dans certaines configurations depuis le XIXe siècle. Les récents événements en Ukraine (blocus russe des ports en 2022) et en mer Rouge (attaques houthis en 2023) illustrent la permanence de cette stratégie dans un contexte de maritimisation croissante des échanges mondiaux.
2001-2025 : guerre globale contre le djihadisme
Malgré des moyens considérables dédiés à la guerre globale contre le terrorisme, la menace djihadiste n’a pas disparu.