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Les tentations nucléaires de l'Arabie saoudite

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Saudi Arabia's Nuclear Temptations
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L'intégration de l'Arabie saoudite sur la scène internationale et la stabilité régionale, notamment grâce à la réduction de sa dépendance aux énergies fossiles, sont des éléments essentiels à la réussite de la Vision 2030 du Royaume, la priorité absolue du prince héritier. Cependant, les déclarations de Mohammed ben Salmane en 2018 et 2021, indiquant que « si l'Iran développe une bombe nucléaire, nous ferons de même dès que possible », combinées aux récentes frappes contre des installations nucléaires iraniennes clés, ne présagent rien de bon pour l'avenir du Royaume, de la région et du régime de non-prolifération dans son ensemble.

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Rafael Mariano Grossi, directeur général de l'AIEA, a rencontré le prince Abdulaziz bin Salman, ministre de l'Énergie du Royaume d'Arabie saoudite, lors d'une réunion bilatérale tenue dans le cadre de la 68e Conférence générale de l'AIEA
Rafael Mariano Grossi, directeur général de l'AIEA, a rencontré le prince Abdulaziz bin Salman, ministre de l'Énergie du Royaume d'Arabie saoudite, lors d'une réunion bilatérale tenue dans le cadre de la 68e Conférence générale de l'AIEA
Dean Calma/IAEA_Flickr.com
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Le contexte régional a profondément changé depuis juin 2025, lorsque les frappes israéliennes contre les sites nucléaires iraniens ont affaibli, sans l’éliminer, la menace iranienne. Pour l’Arabie saoudite, la guerre de 12 jours a cristallisé trois enseignements. Premièrement, la latence nucléaire — longtemps perçue comme la garantie stratégique de l’Iran — n’offre aucune protection contre des frappes préventives. Deuxièmement, les garanties de sécurité américaines demeurent incertaines, les monarchies du Golfe ayant observé avec inquiétude la réticence de Washington à contenir les objectifs de guerre maximalistes d’Israël, voire sa participation au conflit malgré les risques d’escalade. Troisièmement, en dépit de la détente sino-médiatisée entre l’Iran et l’Arabie saoudite en 2023, la riposte symbolique de Téhéran contre une base américaine au Qatar a prouvé que l’Iran n’hésiterait pas à placer les monarchies du Golfe en première ligne, y compris celle avec laquelle il entretient de bonnes relations, mettant à mal le processus de renforcement de la confiance.

Ces développements ont renforcé l’inquiétude de Riyad de se retrouver marginalisé dans un nouvel ordre régional façonné par la puissance israélienne et la résilience iranienne. Par ailleurs, alors que Riyad doute de la fiabilité de Washington, il explore des stratégies de diversification avec Pékin, devenu le premier partenaire commercial du Royaume devant les États-Unis. Cela dit, le Royaume reste conscient des limites de la Chine dans le domaine géopolitique, comme l’a démontré sa réserve durant la guerre de 12 jours.

Dans ce contexte, le calcul nucléaire de l’Arabie saoudite évolue. Ce document examine trois dimensions. Premièrement, il évalue les ambitions nucléaires du Royaume et ses limites techniques, en se concentrant sur l’enrichissement de l’uranium et le déficit de main-d’œuvre nationale qualifiée. Deuxièmement, il analyse l’approche ambiguë de Riyad envers le régime de non-prolifération, marquée par une réticence à adopter des garanties supplémentaires et une volonté de préserver une flexibilité stratégique. Enfin, il tire des enseignements de la guerre de juin 2025 pour la réflexion nucléaire saoudienne au Moyen-Orient, en mettant en lumière la manière dont la trajectoire de l’Iran et l’instabilité régionale influencent les options de Riyad et de ses voisins.

L’argument central est que, bien que l’Arabie saoudite ne dispose pas de la base technique nécessaire à une prolifération rapide, la volonté politique et l’insécurité régionale pourraient accélérer ses tentations nucléaires, mettant à l’épreuve la résilience du régime mondial de non-prolifération.
 

Points clés 
  • Si les ambitions nucléaires de l'Arabie saoudite s'inscrivent dans le cadre de la diversification énergétique, les préoccupations en matière de sécurité doivent également être prises en compte, le prince héritier Mohammed ben Salmane ayant signalé à plusieurs reprises que Riyad riposterait si l'Iran se dotait de la bombe atomique.
  • La guerre de juin 2025 entre Israël et l'Iran a révélé les limites de la latence nucléaire et la fragilité de la dissuasion dans le Golfe, accentuant les craintes de l'Arabie saoudite d'être mise à l'écart dans un nouvel ordre régional.
  • Riyad a toujours insisté pour conserver le droit à l'enrichissement et au retraitement (E&R) sur son territoire, résistant aux restrictions « gold standard » imposées par les États-Unis et se montrant peu disposé à accepter des garanties supplémentaires de l'AIEA.
  • Si les capacités techniques de l'Arabie saoudite restent insuffisantes pour permettre une prolifération rapide, l'insécurité régionale, les doutes quant aux garanties américaines et la fragile détente avec l'Iran renforcent la tentation de se prémunir.

 

> Ce briefing est uniquement disponible en anglais

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979-10-373-1099-6

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Rafael Mariano Grossi, directeur général de l'AIEA, a rencontré le prince Abdulaziz bin Salman, ministre de l'Énergie du Royaume d'Arabie saoudite, lors d'une réunion bilatérale tenue dans le cadre de la 68e Conférence générale de l'AIEA
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