La formation professionnelle en Allemagne : Dynamiques socio-économiques et capacités d'adaptation d'un système
Au-delà des indicateurs économiques récurrents, la compétitivité et les performances économiques de l’Allemagne s’appuient sur un pilier de son système social : la formation professionnelle duale. Composée d’une formation technique et de l’acquisition d’une expérience pratique au sein d’une entreprise formatrice ainsi que d’un enseignement général et théorique dispensé complémentairement en école professionnelle, elle valorise le facteur humain dans l’entreprise, permet une insertion professionnelle efficace, précoce et durable des jeunes générations, lesquelles sont ainsi préservées du chômage et se voient offrir des parcours professionnels valorisants. Elle favorise également la transmission d’un niveau élevé de qualification et la progression constante de la compétence professionnelle des salariés dans tous les grands secteurs de l’économie.
Cependant, le système dual se trouve aujourd’hui confronté à deux défis majeurs. Le premier est d’ordre démographique : le faible taux de natalité que connaît l’Allemagne depuis quatre décennies se traduit désormais par une régression effective et continue du potentiel de recrutement et de formation de main-d’œuvre qualifiée. Les stratégies concertées mises en œuvre pour améliorer l’insertion des jeunes sortant du système scolaire dans la formation duale, notamment en adaptant plus efficacement l’offre à la demande, n’ont qu’un impact limité, tandis que la politique visant à élargir le recrutement de jeunes apprentis en provenance d’autres pays de l’Union européenne (UE) ne devrait guère porter ses fruits que dans une décennie.
Le second défi est d’ordre sociologique : les formations plus longues, de niveau universitaire, sont de plus en plus largement préférées par les jeunes aux filières courtes de formation, risquant ainsi de battre en brèche la position prédominante du système dual. Mais loin de contribuer à une éclipse de ce dernier, la montée progressive du nombre de bacheliers et d’étudiants qui s’orientent vers des formations en alternance, offertes en nombre croissant par les entreprises au niveau d’instruction supérieur, témoigne au contraire d’un processus d’extension et de valorisation par le haut de la formation duale. Cette recomposition du système allemand de formation initiale permet de répondre à la double exigence d’une élévation croissante des savoirs et des compétences d’action et d’innovation.
René Lasserre est directeur du Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (CIRAC) et responsable de la rédaction de la revue Regards sur l’économie allemande.
Contenu disponible en :
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La formation professionnelle en Allemagne : Dynamiques socio-économiques et capacités d'adaptation d'un système
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesSécuriser les chaînes de valeur des matières premières critiques (MPC) : une condition préalable à la résilience technologique de l'Europe
Au cœur de la sécurité économique, la résilience technologique est un pilier de la compétitivité de l'Union européenne (UE). Les transitions énergétique et numérique de l'UE dépendent des matières premières critiques (MPC).
Concilier compétitivité et évolution démographique : un impératif franco-allemand
La France et l'Allemagne sont confrontées à des changements démographiques parallèles qui pourraient remodeler l'avenir de leurs économies et de leurs modèles sociaux. Ces changements reflètent des tendances européennes plus larges, mais sont amplifiés par le rôle central que jouent ces deux nations dans la gouvernance et la compétitivité de l'Union européenne.
Imaginaires et réalités de la frontière franco-allemande : un laboratoire pour l’Europe de demain
En Europe, la question des frontières est loin d’être secondaire. Selon le Parlement européen, les régions frontalières couvrent environ 40 % du territoire de l’Union européenne (UE), concentrent 30 % de sa population et produisent près d’un tiers de son produit intérieur brut.
Relancer le partenariat franco-allemand ? Les ambitions du Conseil des ministres franco-allemand - Enjeux d’un leadership conjoint en Europe
Friedrich Merz, comme catholique rhénan, est un héritier de la politique franco-allemande de la CDU, de Konrad Adenauer à Helmut Kohl, en passant par Wolfgang Schäuble. Si le discours et les réflexes franco-allemands sont ancrés chez lui, il faut néanmoins relativiser leurs résultats.