La dialogue énergétique UE-Russie : concurrence contre monopoles
Les relations énergétiques entre la Russie et l’Union européenne sont au seuil de profonds changements que rend nécessaires l’asymétrie croissante entre un monopole national renforcé sur les approvisionnements, et l’ouverture des marchés en Europe. Les autorités communautaires doivent prendre l’initiative pour un nouveau modèle de relations énergétiques : en dépendent non seulement la sécurité énergétique des Européens, mais encore celle de l’ensemble des marchés énergétiques russes et eurasiens.
Les relations énergétiques entre la Russie et l’Union européenne (UE) se trouvent à l’aube d’une profonde modification. Le passé est révolu : l’intégration croissante des marchés se substitue progressivement au traditionnel mode d’approvisionnement du continent européen par la Russie. La maturité grandissante des compagnies énergétiques russes les pousse à vouloir pénétrer les marchés européens, tandis que les compagnies européennes cherchent des partenariats de production en amont afin d’assurer leurs positions en aval sur les marchés européens.
Le climat politique se modifie lui aussi : les normes de concurrence communautaires deviennent un facteur de plus en plus important. Les marchés énergétiques – d’habitude intégrés verticalement – connaissent une phase d’ouverture et de libéralisation, alors qu’en matière d’approvisionnement, concentration et gestion centralisée gagnent progressivement du terrain en Russie. Tout cela intervient précisément au moment où la dépendance de l’UE en matière d’importation d’énergie croît fortement, ce qui ne peut, à l’avenir, que renforcer la position de la Russie, l’un de ses principaux fournisseurs. Dans son nouveau Livre vert, la Commission européenne estime que d’ici 20 à 30 ans environ, 70 % des besoins énergétiques communautaires seront assurés par l’importation, contre 50 % aujourd’hui.
Dernièrement, plusieurs experts se sont exprimés sur la situation actuelle. Il est néanmoins frappant de constater que la plupart d’entre eux préconisent des solutions « défensives », dictées par un manque de confiance réciproque ; d’une part, les investisseurs européens se voient refuser l’accès en amont à la production pétrolière et gazière russe et, d’autre part, l’UE diversifie ses importations énergétiques en vue de réduire sa dépendance à l’égard des approvisionnements russes. De telles stratégies reflètent une orientation politique bien plus qu’une convergence des marchés européens et russes, pourtant favorisée par la proximité géographique ainsi que par des liens économiques traditionnels.
Malgré tout, une approche plus constructive est-elle envisageable ? Le présent texte vise à examiner un aspect précis des relations énergétiques entre l’UE et la Russie : le décalage entre les principes de libre concurrence prônés par la Commission européenne et les monopoles énergétiques en Russie, mais aussi au sein de l’UE. […]
PLAN DE L’ARTICLE
- Blocages du dialogue Union européenne-Russie
- Les consommateurs sont les perdants
- Divisions et déceptions européennes
Vladimir Milov est président de l’Institut de politique énergétique, centre de recherche indépendant basé à Moscou. En décembre 2001, il est devenu conseiller auprès du ministre de l’Energie, puis vice-ministre de l’Energie entre mai et octobre 2002.
Le texte est traduit de l’anglais par Jessica Allevione.
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De Nicolas II à Vladimir Poutine, la Russie est passée, au cours du XXᵉ siècle, par bien des métamorphoses. À l'empire tsariste d'avant la Première Guerre mondiale succède l'Union des républiques socialistes soviétiques, l'URSS, dont la vocation révolutionnaire internationaliste exprimée par Lénine cède à l'impérialisme soviétique, continental avec Staline, mondial avec Khrouchtchev et Brejnev. Devenue une superpuissance après 1945, la « patrie du socialisme » ne peut résister à l'éclatement de l'empire qu'annonce la chute du mur de Berlin, en 1989 : en 1991, la Russie renaît donc sur les débris de l'empire, et, avec elle, une nouvelle page de l'histoire russe s'ouvre devant les yeux inquiets du monde. Mais en dépit de ses spécificités et des tensions diverses qui l'ébranlent, entre Nord et Sud, Orient et Occident, christianisme et islam, la Russie fédérale entend bien s'intégrer enfin dans la communauté des grands États et cesser d'être considérée comme un acteur à part des relations internationales.
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