Dans la région des Savannes, au nord du Togo, les montagnes représentent désormais une menace sourde et diffuse pour les habitants qui sont déjà parmi les plus pauvres de ce petit pays tout en longueur, le Togo.

Une insécurité persistante

Bien que le Togo ne soit pas un pays auquel on associe le terrorisme dans le Sahel ou en Afrique de l'Ouest, il n'a pas été épargné, comme l'explique Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne à l'IFRI, enseignant à l'Institut d'Études Politiques de Lille et à Paris I Panthéon-Sorbonne : 

"Les premières attaques djihadistes datent de 2022, selon le discours officiel des autorités togolaises. Certains disent que dès 2019, il y avait des infiltrations, voire certaines attaques. Mais depuis 2022, il n'y a pas eu pratiquement deux mois sans attaques dans ce pays." Ces infiltrations proviendraient du Burkina Faso : "Les infiltrations viennent de l'est du Burkina Faso et secondairement du Bénin, mais c'est en réalité le même groupe. C'est à partir du Burkina Faso que se sont installées des cellules djihadistes dans différents pays du golfe de Guinée."

Fusion de différents groupes

En 2017, en pleine Guerre du Mali, plusieurs groupes djihadistes terroristes ont décidé de se rassembler pour défendre l'islam et les musulmans : 

"C'est une fusion de différents groupes autour de la mouvance Al-Qaïda. Aujourd'hui, les grandes composantes de ce groupe, c'est Ansar Dine au nord du Mali, c'est la Katiba Macina, au front libération du Macina. Sur le centre et l'ouest du Mali, c'est Ansar al-Islam qui est plutôt au nord du Burkina Faso et aussi la Katiba Hanifa, groupe présent à l'est du Burkina Faso et qui est responsable de ces infiltrations."

Enjeux fonciers et financiers

Alors que le phénomène d'expansion des groupes djihadistes s'étend au Togo, les raisons de ces attaques terroristes varient : 

"L'expansion djihadiste dans les pays du golfe de Guinée se font pour plusieurs raisons. La première, elle accompagne souvent les problèmes des populations d'éleveurs qui ont de moins en moins accès à leur pâturage, utilisé par les populations sédentaires. Il peut y avoir aussi des problèmes entre sédentaires et certaines des populations, notamment au nord du Togo, qui sont des populations originaires, mais depuis plusieurs siècles, de l'est de la RDC, des populations gourmantchées, qui peuvent avoir des problèmes politiques ou économiques avec d'autres populations locales. Il y a aussi une volonté de s'étendre vers le sud pour accroître les ressources des groupes. En s'étendant, ils vont racketter les circulations marchandes, ils vont lever l'impôt sur certaines populations. Il y a une logique aussi économique qui sous-tend cette expansion."

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