Les Émirats arabes unis et la compétition sino-américaine. Vers une politique de non-alignement ?
En un peu de moins de cinq ans, les Émirats arabes unis (EAU) ont accéléré leur rapprochement avec la Chine de Xi Jinping, au point de devenir le premier pays du Golfe à se retrouver au cœur de la rivalité entre Pékin et Washington. Bien que bénéficiant d’une large présence militaire américaine, les EAU ont fait de leur partenariat avec le régime chinois un nouvel axe de priorité qui va au-delà des échanges énergétiques et commerciaux.
- Si cette politique chinoise des EAU – partenaire traditionnel de Washington dans la région – reflète l’érosion de l’influence américaine dans le Golfe, elle n’est pas sans susciter d’interrogation sur la viabilité de la stratégie d’Abou Dhabi.
- En dépit de leurs velléités d’autonomie stratégique, les EAU restent fortement dépendants des garanties de sécurité qui lui sont offertes par les États-Unis, si bien que les tensions entre Washington et Abou Dhabi autour de son partenariat grandissant avec Pékin dans des domaines sensibles (réseau 5G, coopération de défense) pourraient compromettre les fondements de sa sécurité.
- Alors que la crise énergétique découlant de la guerre en Ukraine permet aux pays du Golfe producteurs d’hydrocarbures de se retrouver en position de force vis-à-vis de leurs consommateurs occidentaux, Abou Dhabi semble désormais résolu à maintenir son jeu d’équilibre entre Washington et Pékin.
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Un Moyen-Orient entre guerres et recomposition
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La France a-t-elle encore une politique arabe ?
Dès la fin de la guerre d’Algérie, la France a systématiquement repris contact avec les pays arabes qui avaient rompu les relations diplomatiques au moment de la malheureuse expédition de Suez de 1956. Ainsi se sont renouées ou nouées des relations actives et souvent confiantes, y compris avec des pays où elle était absente, comme les émirats du Golfe. Le président Chirac a voulu formaliser et conforter cette orientation lorsque le 6 mars 1996, à l’université du Caire, il a évoqué la « politique arabe et méditerranéenne » de la France. Par-delà quelques principes communs, il s’agissait naturellement d’une politique à géométrie variable selon les pays, avec la volonté d’être présent dans cet ensemble de pays qui sont nos voisins proches, situés dans une zone stratégique et dont d’importantes communautés vivent en France. Très tôt attachée à contribuer à la paix entre Israël et les pays arabes, la France prône une politique équilibrée entre le maintien de la sécurité d’Israël et le soutien du processus de paix israélo-palestinien qui donnerait le droit à l’autodétermination des Palestiniens et à la création d’un État. À cet égard, l’année 2007 représente une rupture due à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui sur ce plan, comme sur d’autres, a pris le contre-pied de son prédécesseur. Depuis lors, la politique de la France dans cette région n’a plus la même priorité, réagit plus qu’elle n’agit et semble flotter entre une volonté de maintenir ses liens avec les pays arabes et une certaine complaisance à l’égard d’Israël.