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Casse-tête COP 27 : l'Afrique et le dilemme du gaz

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cité par Lucas Mediavilla dans 

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Le continent dispose de ressources importantes. Mais l'enjeu climatique pourrait percuter l'équation économique de certains projets.

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Les cales du navire sont presque pleines. A 80 kilomètres de la côte nord-est du Mozambique, dans le bassin riche en hydrocarbures du Rovuma, le British Sponsor mouille déjà depuis quelques jours. Arrimé à la plateforme flottante d'extraction de gaz naturel liquéfié (GNL) Coral Sul FLNG, le tanker britanique est en train de charger la première cargaison jamais produite par ce pays d'Afrique australe. Une première étape fondatrice pour la stratégie ambitieuse du gouvernement local, voulant faire de cette nation un géant mondial du GNL. Le chemin sera encore long. Avec 3,4 millions de tonnes produites chaque année, Coral Sul reste modeste. Il est néanmoins censé être complété par les projets Mozambique LNG et Romuva LNG, cinq fois plus gros en taille et exploité par Total Energies (13 millions de tonnes par an) et ExxonMobil (15mt/an).

Le Mozambique n'est pas un cas isolé sur le continent. La Namibie, le Sénégal, l'Afrique du Sud et la Tanzanie cherchent à developper cette ressource, aux côté de l'Algérie, de l'Egypte, du Nigéria, de l'Angola ou de la Guinée équatoriale, déjà producteurs. Alors que la COP27 a débuté à Charmel-Cheikh, en Egypte, le sujet du gaz sera sur toutes les lèvres, tant celui-ci est perçu par certains pays comme indispensable. "Plus de 5000 milliards de mètres cubes de ressources en gaz naturel ont été découverts en Afrique, mais leur exploitation n'a pas encore été approuvée. Ces ressources seraient censées fournir 90 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires d'ici à 2030, ce qui pourrait être vital pour les industries des engrais, de l'acier et du ciment, ainsi que pour le déssalement de l'eau", expliquait l'Agence Internationale de l'énergie en juin.

Les pays européens, à la recherche d'alternatives au gaz russe, poussent aussi les pays africains à exploiter cette ressource pour l'exportation. Ce n'est pas un hasard si Olaf Scholz a choisi en mai le Sénégal qui exploite le projet de GNL de Grande Tortue Ahmeyim avec la Mauritanie, pour sa première visite officielle sur le continent. Il y a un an, Berlin et une quarantaine de pays s'engageaient pourtant à ne plus financer de programmes liés aux énergies fossiles à l'étranger. Une décision qui irrite certains Etats, qui comptent sur la COP 27 pour faire passer le message. "La supression du financement des combustibles fossiles, y compris le gaz - de loin le plus propre - , risque de faire reculer l'échelle de développement de l'Afrique et d'exaserber ses problèmes préexistants", écrivait en mai dernier la fondation Mo Ibrahim.

Beaucoup d'ONG pressent néanmoins l'Afrique, continent le plus vulnérable face à la crise climatique, pour qu'elle ne se jette pas à corps perdu dans l'exploitation de cette énergie. Un conseil plutôt mal reçu sur place , même s'il n'y a pas d'unité en la matière.

"Certains pays demandent : "Pourquoi mettre en place des politiques d'atténuation qui nous privent de nos ressources fossiles alors que les pays développés n'instaurent pas eux-mêmes les politiques nécessaires et ne nous aident pas, financièrement, à la hauteur de leur engagements"?" s'inquiète Thibaud Voïta, chercheur associé à l'Institut Français des Relations Internationales.

De fait, les émissions cumulées de CO2 résultant de l'utilisation des 5000 milliards de mètres cubes de gaz ces trnte prochaines années feraient passer la part de l'Afrique dans les émissions mondiales de 3% à 3,5% selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE).

Reste que le développement de cette ressource n'est pas sans risque. Selon l'AIE, les promesses de neutralité carbonne faites dans certains pays et la baisse théorique de la demande en gaz qu'elles supposent dans les deux prochaines décennies pourraient transformer tout projet gazier en actifs échoués, avec les pertes substancielles qui vont avec. Nicolas Guichard, expert énergie pour l'Alliance française de développement, s'interroge aussi sur les bénéficiaires de l'extraction gazière : "L'histoire montre qu'avec l'exploitation des ressources fossiles, les retombées locales ne sont pas toujours au rendez-vous." Au contraire, selon lui, des énergies renouvelables, comme le solaire, dont le potentiel est sous-exploité sur place.

Article de Lucas Mediavilla disponible dans l'Express

 

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Thibaud VOÏTA

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Chercheur associé, Centre énergie et climat de l'Ifri

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