Coup d'État au Mali : la France suspend ses opérations militaires avec l'armée malienne
La France a fini par taper du poing sur la table. En réprobation aux deux coups d'Etat qui ont conduit un général de l'armée à prendre la tête de l'Etat dans l'attente des élections de 2022, Paris a annoncé jeudi la suspension temporaire de ses opérations militaires conjointes avec Bamako.
Concrètement, la force française Barkhane et ses plus de 5 000 militaires présents au Sahel continuent d'agir, mais seul. Quant à la force européenne "Takuba" initiée par la France pour venir en soutien à l'armée malienne, elle est stoppée. Le ministère français des affaires étrangères précise que ces décisions pourront être réévaluées selon la réponse des autorités maliennes.
La France emboîte ainsi le pas aux Etats-Unis, qui avait suspendu son assistance militaire immédiatement après le premier coup d'État en août dernier. Avec cette décision, Paris manifeste sur le terrain sa condamnation du coup d'Etat, et tente d'appuyer les pressions de la communauté internationale sur les militaires putschistes du Mali pour obtenir un retour du pouvoir aux mains de civils à l'issue d'élections prévues courant 2022.
Neuf ans après le lancement de l'opération Barkhane, les difficulés s'accumulent. Il y a le coût humain et financier, mais aussi le risque de s'enliser seul. Les violences djihadistes perdurent, le sentiment anti-français a gagné du terrain et la France a peiné à mobiliser les européens sur le terrain malien.
"Par-delà la position de principe, on peut se demander si cette décision n'est pas une façon pour la France de mettre en récit le désengagement de Barkhane, dont chacun sait qu'il va se produire. En d'autres termes, le non-respect du processus démocratique n'est-il pas un prétexte pour réduire un dispositif dont les jours étaient comptés de toute façon ?", réagit auprès de l'AFP Elie Tenenbaum, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Lors du premier coup d'Etat, le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, accusé de corruption et d'impuissance face à l'insécurité, avait été renversé après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales.
Mais la junte s'était engagée à une transition vers un pouvoir civil dans les 18 mois. En mai, les militaires, mécontents d'une recomposition du gouvernement décidée suite à une contestation grandissante, ont arrêté le président et le Premier ministre.
La Cour constitutionnelle a ensuite déclaré chef de l'Etat et président de transition le colonel Assimi Goïta, homme clé dans l'actuelle crise politique.
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